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Emmanuel Macron joue décidément sur tous les tableaux. Obligé par l’actualité récente, le Président a fait de « l’égalité femmes-hommes » l’une des grandes causes de son quinquennat lors de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
Au cours d’un discours étonnant, empruntant à la rhétorique de la gauche comme à certaines thématiques plus droitières, Emmanuel Macron a déclaré : « Notre société toute entière est malade du sexisme. (…) Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. (…) La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur ».
Les ombres des « porcs » planaient sur la salle, particulièrement celle du producteur Weinstein, à l’origine du déclenchement des hostilités, ce qu’aura confirmé Emmanuel Macron en jugeant qu’il avait fallu que « cette violence devienne une clameur pour être enfin audible de tous ». Une clameur devenue probablement excessive, sorte de running-gag tenant en haleine les rédactions de la presse people : qui sera le prochain sur la liste ? Sylvester Stallone ? Frédéric Haziza ? Pierre Joxe ? Kevin Spacey ? Tariq Ramadan ? Thierry Marchal-Beck ?
La France n’est pas un pays sexiste
Pour qui connaît la nature humaine, ces cas n’auront rien de particulièrement surprenant. Des hommes de pouvoir profitent de leur réussite pour coucher et des femmes pensent pouvoir coucher pour réussir ? La belle affaire. Dans ses mémoires, Saint-Simon ne décrivaient-ils pas déjà pareilles affaires ? Le problème sera donc de bien distinguer lesquels de ces cas seraient constitutifs de délits ou de crimes au regard de notre législation pénale. Car, jusqu’à preuve du contraire, l’opinion n’est pas un tribunal. Que parmi les noms jetés en pâture à la vindicte médiatique figurent de véritables prédateurs, dangereux et croyant jouir d’une immunité due à une position sociale favorable, ne fait aucun doute. Reste que les faits divers, aussi nombreux soient-ils, ne devraient pas dicter un agenda politique.
En effet, la France n’est pas un pays sexiste, et il serait intolérable de laisser le dire. Les droits des femmes sont les mêmes que les droits des hommes, ce que la constitution garantit en son article premier : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
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Il faut comprendre que la quête contemporaine d’une parfaite « égalité femmes-hommes » repose sur l’idée que les inégalités de fait doivent être comblées par l’Etat, donc par une forme de « discrimination positive » héritée des luttes de l’affirmative action étatsunienne, en témoigne la loi du 6 juin 2000 sur la parité, première pierre d’une opération d’ingénierie sociale de grande envergure visant à mieux inclure les femmes au cœur des institutions. La tentation est grande, du reste, d’étendre le principe à d’autres minorités visibles, ethniques ou religieuses. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre le discours d’Emmanuel Macron, ainsi que les différentes mesures qu’il a proposées. Indéniablement d’ailleurs, certaines de ses propositions sont intéressantes et vont dans le bon sens.
Des réformes de bon sens
Ainsi, le Président propose de rapprocher l’âge de consentement minimum de l’âge de la majorité sexuelle, ce que nous savions déjà, mais aussi d’étendre le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs en le faisant correspondre aux autres crimes, ce qui correspond au doublement de majorité des délais de prescription en matière criminelle en février dernier. Deux réformes de bon sens. Autres mesures qui ne devraient pas trop faire bondir : la création d’un « délit d’outrage sexiste verbalisable immédiatement pour un montant dissuasif » pour éviter que la rue ne soit « l’enfer quotidien des femmes », et, la création « d’unités spécialisées » dans la prise en charge psychotraumatique des femmes victimes de violences ».
La création d’un nouveau délit était-elle nécessaire ? Par ailleurs, il faudra rester vigilant quant à son application. Une interrogation à laquelle Emmanuel Macron a partiellement répondu, estimant très justement qu’il serait dangereux « que nous tombions dans un quotidien de la délation » et que « chaque rapport homme-femme soit suspect de domination, comme interdit ». C’est bien le risque que font peser ces féministes qui semblent haïr les hommes, promptes à analyser chaque situation par le prisme du « patriarcat », quand les femmes sont pourtant avantagées dans le cadre des divorces, et même, de nos jours, de plus en plus, dans l’accès à certaines professions (magistrature, médecine).
Se méfier des tentations liberticides
L’autre volet de réformes concerne le traitement préventif du « sexisme ». Il est plus contestable. Dès 2018, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel sera chargé de surveiller les vidéos sur internet (la pornographie, mais pas que) et les jeux vidéo, dans le but de censurer « les contenus qui peuvent fragiliser ou conduire à la violence contre les femmes ». Une démarche qui ne sera pas sans évoquer le souvenir de Ségolène Royal qui, alors ministre de la Famille, avait farouchement combattu les dessins animés japonais, tels que Dragon Ball Z ou les Chevaliers du Zodiaque, censés véhiculer une imagerie trop violente pour l’enfant. Ce discours fait aussi écho à ce que disait récemment Madeleine de Jessey de Sens Commun à propos de l’influence de la diffusion de la pornographie sur les jeunes esprits, supposément responsable d’une augmentation des agressions sexuelles – on n’a pas trouvé de statistiques pour prouver cette affirmation.
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Ne soyons pas naïfs. À l’évidence, la large diffusion de contenus pornographiques en ligne, facilement accessibles aux mineurs, n’est pas une bonne chose. Mais, le problème posé par l’extension des pouvoirs du CSA n’est toutefois pas à évacuer d’un trait de plume. Car, le discours d’Emmanuel Macron se situe dans le droit fil de cette vision d’un État Big Mother, chargé de rééduquer les citoyens et de supprimer les comportements déviants. Si l’internet n’a pas à être un territoire dématérialisé anarchique, soustrait aux lois, il n’est qu’un outil. La responsabilité de l’éducation incombe d’abord aux parents. Ces derniers doivent apprendre le discernement à leurs enfants. Une tâche qui n’est paradoxalement pas remplie dans certaines familles religieuses islamiques ou africaines, dans lesquelles les garçons sont traités en petits princes et tyrans domestiques, convaincus dès le berceau de leur supériorité évidente sur leurs sœurs, leurs cousines et leurs voisines. Un problème probablement plus anthropologique que lié au fonctionnement de notre société. Qu’on se le dise, un enfant stable sur le plan psychologique, bien éduqué par ses parents, n’ira pas commettre un massacre parce qu’il aura joué aux jeux vidéos.
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