Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce ont fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.
Chantait Péguy en marchant vers Chartres. La Beauce n’était pas encore française il y a deux mille ans, mais que sera la France dans quelques siècles? Un lointain souvenir? Un trésor enfoui sous les décombres laissés en héritage par nos post-modernes? Ni l’un, ni l’autre car les choses éternelles demeurent et doivent se célébrer, nous rappelait il y a peu Marc Obregon. Et qu’y a-t-il de plus éternel que la France?
Tout savoir sur le hors-série :https://lincorrect.org/hs0924/
Alors chers lecteurs, nous vous proposons un hors-série exceptionnel, un numéro à ragaillardir les eunuques et à faire bramer des pétasses qui nous refusent l’honneur des conquêtes. Si la France a illuminé le monde, ce n’est ni par sa force, ni par sa beauté, elle conjugue les deux, mais par sa grandeur. Elle s’offre à quiconque la désire au plus profond de son âme, encore faut-il la regarder avec des yeux d’enfant, ceux qui n’ont jamais cessé de rêver de Singe en hiver, d’avions jaunes et de Bateaux ivres.
La France, c’est le genou à terre de Battiston, la pommette en sang de Saint-Denis et les soixante-deux légionnaires de Camerone. La France, ce sont tous ceux qui n’ont jamais baissé les yeux pour mieux conquérir le ciel. Ce sont les chants de Saints qui s’élancent au-delà des nuages à la vitesse d’un Concorde, c’est le génie des Hommes qui élèvent l’âme et célèbrent la beauté. Celle du geste simple, de notre langue sublime et de nos poètes immortels.
Si la France a illuminé le monde, ce n’est ni par sa force, ni par sa beauté, elle conjugue les deux, mais par sa grandeur.
La France, c’est la courtoisie d’un Roi qui se découvre devant les femmes de chambre et les ballets de garçons en tablier blanc et gilet noir une assiette de poireaux vinaigrette à la main. C’est ce pas de côté délicieux d’irrévérence et de désinvolture d’un Gainsbourg ou d’un Houellebecq, mais aussi la finesse poétique et moqueuse de Sempé, le nez cassé de Belmondo, les traits parfaits de Delon et Brigitte Bardot pour ceux qui doutent encore de l’existence de Dieu.
Alors nous avons fait appel au formidable talent du conteur Philippe de Villiers pour nous rappeler que la France est aussi une liturgie, à la profondeur d’Arnaud Benedetti pour se souvenir qu’on ne gouverne pas les Hommes sans mystique, et à l’exquis Benoit Duteurtre juste avant qu’il ne rejoigne trop soudainement Debussy et Ravel. Nous avons convoqué l’historien Pierre Vermeren pour ne jamais oublier que si nous n’avons pas de pétrole, nous avons des idées; le philosophe Thibaud Collin pour réaffirmer que ce souci universel de la pensée française s’enracine dans les âges médiévaux ; l’érudition de Richard Millet et d’Hugo Jacomet pour ne pas oublier que la France est aussi une histoire de style.
Et puis, pour ne jamais guérir de notre chauvinisme, nous avons invité à la barre Maurizio Serra, un Italien devenu immortel sur le sol français, et un Québécois, Mathieu Bock-Côté, qui enfant, les soirs glacés de Montréal, rêvait déjà de camembert, de morgon et de Chateaubriand. Et voici le résultat chers lecteurs: plus de cent quarante pages pour vous réchauffer le cœur et l’âme, en hommage à ceux qui ont fait la France et ceux qui la font encore, un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.