Notre bon Macron a perdu. Il ne fera pas de discours dans Notre-Dame. À croire qu’il aime se faire fesser ces derniers temps. Monseigneur Ulrich a gagné sa bataille. Si les rois ne s’étaient jamais imaginé s’astiquer l’ego dans une cathédrale, Macron, lui, en rêvait. Il répétait son discours devant le miroir de Brigitte, la larmichette à l’œil et la bouche dégueulant d’emphase pathétique. Raté. Pour une fois qu’une mitre tient droite, on ne peut qu’ôter notre chapeau.
À l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, le programme réserve encore quelques inconnues. Un coupage de ruban est à l’étude. Comme à l’ouverture de la MJC Jean Jaurès de Bobigny. Monseigneur Ulrich se veut rassurant : « Ce qui est sûr est surtout que je vais frapper à la porte de la cathédrale » pour signifier « que de nouveau le clergé et le peuple sont dans la cathédrale pour le service de Dieu. » Je vous parie l’indépendance du Québec chère à Bock-Côté que le peuple au service de Dieu n’aura même pas un strapontin pour lui.
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Anne Hidalgo et Rachida Dati joueront des coudes comme des vierges pré-pubères au concert de Justin Bieber, et toute la clique des starlettes aura son blaze tagué sur les nouveaux bancs de la maison paternelle. On nous souffle même que notre ministre de la Culture ambitionne de remonter la nef au bras de l’archevêque de Paris dans une robe sur mesure en écailles de tortue des Galápagos. Boualem Sansal attendra encore un peu dans les geôles algériennes. Valérie Pécresse tentera de gratter quelques places en loucedé, Carla Bruni fera des selfies avec Bono, Sarko causera résurrection pour se persuader (encore) d’être l’homme providentiel et Hollande tentera un calembour qui ne fera rire que lui.
La cérémonie aura à peine débuté que des cris et des grognements résonneront sur le parvis. Ce sera Amélie Oudéa-Castéra, en combinaison néoprène, furieuse qu’on lui refuse l’accès aux tours pour sauter dans la Seine. Derrière elle, Mélenchon tentera une contre-manif, bonnet phrygien sur le crâne. À ses côtés, le député Delogu, une pancarte écrite en hiéroglyphes d’une main, se tiendra l’oreille de l’autre après avoir essuyé les vocalises suaves de sa collègue venue en pyjama keffieh, Ersilia Soudais.
Elle est belle la laïcité ! Pour des « élites » qui rêvent d’en finir avec les racines de la France, on n’en aura jamais vu autant se précipiter dans une cathédrale dans l’espoir de se refaire une légitimité. Dans un certain sens, on ne peut que les comprendre. Que serait la France, que serait Paris sans Notre-Dame ? Encore faut-il la regarder ni comme un musée ni comme un Panthéon, quand bien même le petit garçon capricieux au sommet de l’État, lui réserverait bien le sort de l’église de Sainte-Geneviève : un temple des courants d’air.
Notre-Dame, c’est le point zéro de nos routes, une forteresse qui abrite notre âme et notre cœur, et où se niche le Christ
Notre-Dame, c’est le génie des hommes pour tutoyer le ciel. Notre-Dame, c’est le point zéro de nos routes, une forteresse qui abrite notre âme et notre cœur, et où se niche le Christ. Notre-Dame, c’est la mère des misérables, qui les console sans condition, sans taxe ni droit d’entrée. C’est le vaisseau renversé qui recueille nos larmes et porte l’espérance dans l’obscurité. Notre-Dame, c’est le souffle de mille ans de foi qui, jamais, ne sera souillé par l’hybris des petits hommes, ceux qui s’imaginent rois alors qu’ils ne seront jamais l’âne, même le temps d’une représentation.
Car Notre-Dame n’existe que pour célébrer le Mystère chrétien. C’est pourquoi un soir d’apocalypse, un curé moustachu s’engouffra dans le brasier pour sauver des flammes le Saint-Sacrement et la couronne d’épines.
« Ô admirable grandeur et stupéfiante bonté ! Ô humilité sublime, ô humble sublimité ! Le maître de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie pour notre salut, au point de se cacher sous une petite hostie de pain ! », écrivait saint François d’Assise.
Il est encore temps de le rappeler.
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