En prenant mon billet, je doutais de faire le bon choix. Morrissey venait à Paris, lui que j’écoute, avec les Smiths ou en solo, depuis ce mercredi d’adolescence où, par un hasard heureux, j’achetai The Queen Is Dead avec de l’argent de poche. Il n’est pas certain qu’un autre chanteur ait gardé pour moi une telle fraîcheur après tant d’années. Mon émotion est restée intacte, fidèle à celle qui m’illumina alors. Comme j’ai tendance à tout gâcher, je me suis dit que la meilleure idée serait d’aller passer l’après-midi qui précédait le concert sur les berges royales de Port-Marly à boire du vin. Le lieu se trouvant à plus d’une heure trente du Zénith de Paris, il n’y avait pas mieux. On peut toujours faire pire : un ami était parti en virée à Anvers la veille du mariage de sa sœur, laquelle l’avait désigné comme témoin : il en est revenu à temps, peu indemne, avec des bribes d’accent flamand et le corps harassé. Je pouvais faire aussi bien : être présent était un objectif atteignable. […]
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