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Afrique-du-Sud : la nation arc-en-ciel repasse en noir et blanc

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Publié le

7 août 2018

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Le sujet ne fait pas les unes des journaux, n’étant que peu commenté, à l’exception notable d’un reportage diffusé sur M6 quelques mois en arrière, mais l’Afrique-du-Sud est bel et bien en état de pré-guerre civile. Si la situation des fermiers blancs était déjà extrêmement préoccupante, de nombreux massacres de familles afrikaans ayant été rapportés au cours des dernières années, sans que quiconque n’ait même fait mine de s’en émouvoir en Europe hors des frontières du Royaume-Uni, elle a encore a empiré ces derniers jours avec les déclarations du président sud-africain Cyril Ramaphosa, en fonction depuis son élection en date du 14 février 2018.

 

« L’ANC (Congrès national africain) va finaliser, via le processus parlementaire, une proposition d’amendement à la Constitution qui décrit de façon plus claire les conditions dans lesquelles l’expropriation des terres sans dédommagement peut être effectuée. (…) Il est devenu évident que notre peuple veut que la Constitution soit plus explicite à propos de l’expropriation des terres sans dédommagement », a affirmé le susnommé Cyril Ramaphosa lors d’une allocution télévisée. Une réforme depuis longtemps attendue par la population noire du pays, largement majoritaire, les blancs comptant désormais pour moins de 10 % de la population dont 60 % de Boers, selon le recensement de 2010, auxquels il convient d’ajouter 2,6 % d’indo-asiatiques et 8,8 % de coloured (divers types de métisses). Ce mouvement démographique devrait d’ailleurs fortement s’accentuer dans les années à venir, tant par les migrations intra-africaines et les départs de blancs que par la forte natalité des populations noires des différentes ethnies (Zoulou, ou Xhosa l’ethnie à laquelle appartenait feu Nelson Mandela).

Depuis la fin de l’Apartheid et l’accession au pouvoir de l’ANC de Nelson Mandela, la situation économique des noirs ne s’est pas franchement améliorée. À en croire l’Institut national des statistiques d’Afrique du Sud, les familles noires auraient des revenus environ cinq fois inférieures à ceux des familles blanches. Il est estimé que 52 % des Sud-Africains vivraient en-dessous du seuil de pauvreté, mais aussi que 26 % des citoyens de ce pays ne mangeraient pas à leur faim. Quant à la criminalité et à la santé publique, les chiffres donnent froid dans le dos : 6 millions de Sud-Africains séropositifs, des milliers de meurtres tous les ans qui en font un des pays les plus dangereux du monde, la plaie des gangs, ou bien encore les 2 millions d’habitants des townships et autres bidonvilles, dont quelques-uns maintenant occupés – c’est une nouveauté – par des blancs. Des statistiques éloquentes pour le troisième pays le plus riche d’Afrique selon la Banque africaine de développement (BAD), derrière le Nigéria et l’Egypte. Bien sûr, une classe moyenne noire a lentement émergé, de même qu’une élite politique et économique, sorte d’oligarchie à laquelle appartient justement Cyril Ramaphosa.

 

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Alors que l’homme se pare opportunément des atours du champion des noirs d’Afrique-du-Sud, s’abaissant à complaire à l’extrémiste suprémaciste noir Julius Malema du parti marxiste et panafricaniste EFF (Economic freedom fighters) qui déclarait « on coupe les têtes de la blancheur » en mars 2018 à propos du maire blanc de Port Elizabeth, pourtant exclu de l’ANC en 2012, il était indirectement impliqué dans le massacre des mineurs de Marikana ayant occasionné la mort de 34 personnes réclamant une revalorisation salariale. En effet, Cyril Ramaphosa était lui-même membre du conseil d’administration de Lonmin, propriétaire de la mine de platine de Marikana, et avait en conséquence appelé à une action policière pour mettre fin aux agissements des « ignobles criminels » en grève. Le racisme dirigé contre les blancs vivant en Afrique-du-Sud est un des derniers ressorts permettant à l’élite noire de l’ANC née de la fin de l’Apartheid de se maintenir au pouvoir. Cyril Ramaphosa agit comme ses prédécesseurs, tous incapables de tenir des politiques susceptibles d’augmenter la prospérité et la sécurité de leurs concitoyens, en désignant à la vindicte le bouc-émissaire blanc, accusé d’avoir spolié l’Afrique-du-Sud.

 

La situation de ce pays du bout du monde est cependant, à y regarder de plus près, très différente de celles qui avaient cours dans les colonies classiques. Les Boers sont arrivés en Afrique-du-Sud dès le milieu du XVIIème siècle par le cap de Bonne Espérance, devenant des Africains blancs, comme l’indique le terme « afrikaan ». Par la même, ils ont progressivement développé une société originale et autonome, cultivant des terres jusque-là jamais exploitées, gagnant définitivement leur autonomie politique au cours de plusieurs conflits contre le Royaume-Uni à la fin du XIXème siècle. Les Afrikaners sont donc pour certains des Sud-Africains depuis plusieurs siècles, ce qui fait du projet d’expropriations massives porté par Cyril Ramaphosa une politique aussi raciste que mue par le ressentiment, trahissant partiellement les discours de Nelson Mandela à la fin de sa vie et renouant avec les racines marxistes révolutionnaires de l’ANC originel. Du moins, marxistes quand il s’agit de faire de l’homme blanc l’unique oppresseur et de tous les noirs les damnés de la terre, y compris quand ils sont à la tête d’immenses fortunes indues comme c’est le cas pour une part importante de caciques du parti qui préside aux destinées de l’Afrique-du-Sud.

 

Lire aussi : L’OTAN derrière le paravent

 

Pour des raisons purement électoralistes, Cyril Ramaphosa met donc en danger de mort les quelques 4,3 millions de blancs d’Afrique-du-Sud. Il ne faut pas être grand clerc pour pressentir que le discours de Ramaphosa, appelant à modifier la constitution pour exproprier au plus vite les fermiers blancs sans compensation, sera reçu cinq sur cinq et entrainera de multiples initiatives individuelles. Isolés, les fermiers seront quotidiennement assaillis et placés en état de siège par cette politique inspirée du Zimbabwe de Mugabe, qui n’a d’ailleurs jamais porté ses fruits. Ce tournant majeur dans la vie sud-africaine devrait provoquer un important exode des blancs à destination de pays amis, tels que l’Australie qui a récemment proposé d’accueillir des réfugiés sud-africains ou l’Argentine. L’ANC pourrait aussi se diviser sur la question, et les fidèles de Ramaphosa s’allier avec les panafricanistes de l’EFF. Il est temps de faire la lumière sur ce massacre organisé. La nation arc-en-ciel n’est déjà plus. Place à une nation en noir et blanc.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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