Avec Un Bon Samaritain (Gallimard), notre collaborateur Mathieu Falcone entre en littérature par une fable subtile et corrosive. Pierre Saintonge, un universitaire bon-vivant, gouailleur et passablement réac, bien qu’il moque la compassion facile pour les migrants, propose à trois d’entre eux de les héberger, un soir que, trop ivre, il trébuche sur leurs corps étendus, prenant sa femme et ses amis de gauche au dépourvu. Au fil de la cohabitation, les trois Africains vont devenir des révélateurs de toutes les contradictions et absurdités françaises. Détonnant.
Ton livre s’ouvre sur un vernissage d’art contemporain. Ce domaine n’est-il pas, finalement, une sorte de précipité des aberrations et paradoxes actuels ?
Si le principe de l’art est de donner à voir par le langage de son époque, l’Art Contemporain officiel reflète précisément le nihilisme de notre société. Il y a, aujourd’hui comme à toutes les époques, des artistes de grand talent, mais l’art officiel jouit à la fois de moyens inégalés au cours de l’histoire et d’une vacuité inégalable. Il faut prendre le temps d’aller à la rencontre des artistes qui squattent les résidences d’artistes et les grandes institutions et de les écouter, car c’est souvent à hurler de rire – à leur corps défendant.
Le narrateur du roman, sans véritablement agir, entretient des liens étroits avec les protagonistes et reconstitue ainsi l’histoire pour le lecteur. Pourquoi avoir choisi une modalité narrative aussi singulière ?
Au départ, j’avais écrit le roman à la première personne, c’était Saintonge – le bon Samaritain – qui racontait, mais cela ne fonctionnait pas. Introduire un narrateur qui soit le témoin et le rapporteur des faits m’a permis de prendre de la distance par rapport au personnage principal, à ce qu’il professe, à ce qu’il fait. La narration à la première personne du singulier est difficile, autant pour l’auteur que pour le lecteur qui a toujours tendance à associer le narrateur à l’auteur.
On trouve dans ton livre un bel éloge de la beauté des femmes, des plaisirs de la table et du vin, comme si un certain épicurisme français rayonnait toujours, quoique menacé de toutes parts par les nouveaux puritains…
Rayonne-t-il encore ou est-ce là un fantasme que je partage, peut-être, avec d’autres ? L’épicurisme, qui est (…)
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