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Du jour au lendemain, Raphaël se retrouve plongé dans un monde où il n’a jamais rencontré Olivia, sa femme depuis dix ans. Comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir celle qui est devenue une parfaite inconnue ? Charmant.
La comédie romantique possède cette particularité psychique de libérer le cerveau pour mieux secréter de l’endorphine en loucedé. Réussie, elle parvient à vous dessiner sur le visage un sourire nigaud et vous inocule une gaieté contagieuse. La tête a beau dire non et ricaner cyniquement, le coeur dit oui et il est souvent vain de résister, même pour un mâle blanc hétérosexuel qui cultive régulièrement sa misogynie en réactions aux pétasses néoféministes et qui s’esclaffe même sans honte devant Nicky Larson.
Si cette drogue euphorisante est venue d’outre-Manche, c’est un Néo-zélandais, Richard Curtis, qui a labellisé le genre depuis une vingtaine d’années, lui qui a réalisé, entre autres, Love Actually et Il était temps, et scénarisé Quatre mariages et un enterrement ou encore Coup de foudre à Notting Hill. Avec Mon Inconnue, Hugo Gélin, réalisateur du séduisant Comme des frères (2012) et du médiocre Demain tout commence (2016), relève enfin le défi de franciser le genre. Contrairement à l’écueil habituel, ici, le comique et le romantisme sont à parts égales, drôles et assumé, ni sarcastique ni beauf. Un cinéma d’adulte mais avec une âme adolescente, celle du premier amour.
Contrairement à l’écueil habituel, ici, le comique et le romantisme sont à parts égales, drôles et assumé, ni sarcastique ni beauf.
Par une ouverture aussi inattendue qu’amusante (mais qui aurait peut-être mérité plus d’audace), Gélin nous plonge dans l’imaginaire apocalyptique de Raphaël (François Civil), adolescent écrivant de la SF. De retour à la réalité, le voici irrésistiblement attiré dans un grenier de son école par un morceau de Franz Liszt. La caméra flottante le conduit. Olivia (Joséphine Japy), de dos, dont la chevelure tressée comme une princesse saxonne laisse supposer une beauté éclatante. Lui se rêve écrivain, elle pianiste, le coup de foudre est immédiat. Cette entrée nostalgique est maladroite et émouvante comme une première déclaration. Puis, par le truchement d’un générique habile, on nous plonge dans les dix années suivantes où finit par s’étioler un amour fusionnel que menacent les succès littéraires de Raphaël.
Mais un matin, il se réveille seul, anonyme et célibataire. Comme dans Il était temps, le film joue la carte du fantastique réaliste, une manière efficace de parler d’amour tout en offrant au spectateur une certaine ampleur cinématographique. De La Vie est belle à Un Jour sans fin, plusieurs chefs-d’œuvre ont usé de ce stratagème, lequel reste encore diablement efficace. Qui n’a pas réfléchi à ce qu’il serait devenu si…
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La première partie, franchement réussie, exploite habilement les distorsions possibles d’une vie à l’autre, offrant quelques grands moments de comédie et des bizarreries bien senties. Si la deuxième manche s’embourgeoise un peu, Gélin se contentant de rester sur des rails trop rectilignes, l’ensemble reste de bonne tenue. Son duo a de la chair ; Joséphine Japy possède la grâce de son prénom et François Civil déclenche une empathie immédiate ; ses dialogues font mouche et sa caméra porte le tout avec élégance. Sans prétention sinon l’audace d’assumer sa ligne, Mon Inconnue a de l’âme et du coeur, emprunte au conte de fées et aux comédies anglaises (notamment quand Gélin exfiltre Benjamin Lavernhe de La Comédie Française pour lui confier un second rôle hilarant et tout en nuance). À la fois tendre et convivial, il se permet même en filigrane d’esquisser une définition de l’amour : dans Mon Inconnue, la réalité du sentiment passe par des lettres qu’on n’enverra jamais et la flamme ne s’éteint que lorsqu’on ferme les yeux. Ouvrez-les et admirez.
Arthur de Watrigant
MON INCONNUE (1 H 58). Hugo Gélin
Avec François Civil, Joséphine Japy, Benjamin Lavernhe. En salle le 3 avril
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