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Bruno North, président du CNIP et candidat en 5e position sur la liste conduite par Nicolas Dupont-Aignan, voit la moutarde lui monter au nez. Pour lui, trop c’est trop : non, Bellamy n’est pas « le candidat des cathos », pas plus que NDA n’est leur ennemi. De quoi se mêle-t-il ? De ce qui le regarde : il est lui-même « catho » engagé. Et conservateur.
Selon l’ancien président de Sens commun Christophe Billan, NDA « n’a pas la fibre catholique ». Selon Jean-Frédéric Poisson, il « n’aime pas les chrétiens ». Et vous, ils vous insupportent également ?
Je n’ai nulle envie de polémiquer avec Christophe Billan, que je ne connais pas, ni avec Jean-Frédéric Poisson, pour qui j’ai de l’estime, mais si Nicolas Dupont-Aignan n’aimait pas les chrétiens, il ne m’aurait pas placé en cinquième position sur la liste qu’il conduit, prenant ainsi le « risque » d’envoyer un chrétien engagé siéger au Parlement européen. Car il se trouve que je suis un chrétien pratiquant et engagé. Peut-être ai-je eu tort de ne pas en faire état mais je considère que le fait d’être chrétien se vit plus qu’il ne se proclame.
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J’exerce d’importantes responsabilités dans ma paroisse depuis plus de dix ans, j’œuvre au sein d’une organisation hospitalière, je suis impliqué dans une association de parents d’élèves de l’enseignement libre, etc., mais en faire la publicité est à mes yeux contraire aux valeurs chrétiennes d’humilité et de service du prochain de façon désintéressée.
Cela peut intéresser l’« électorat catho »…
Quel « électorat catho » ? Nul n’a le droit de s’arroger le monopole de la représentation des chrétiens, nul ne peut parler en leur nom à tous. Leurs sensibilités politiques sont diverses. Les 62 346 voix (1,45 %) recueillies par Jean-Frédéric Poisson à la primaire de la droite et du centre (sur 4,3 millions de votants) sont très loin d’être représentatives des « cathos », qui sont infiniment plus nombreux que cela dans notre pays – et c’est heureux !
Parmi les têtes de liste aux élections européennes, François-Xavier Bellamy est chrétien, Nathalie Loiseau l’est aussi, Jean-Christophe Lagarde également, ainsi que Nicolas Dupont-Aignan – et sans doute Jordan Bardella l’est-il. Et alors ? François Mitterrand l’était également, cela ne l’a pas empêché d’entraîner la France vers l’abîme. « Une messe pourra être dite » avait-il indiqué ; il en eut deux, dont une en la cathédrale Notre-Dame de Paris : tant il y avait besoin de prier pour le salut de son âme ?
La liste d’union des droites sur laquelle j’ai l’honneur de figurer comprend bon nombre de chrétiens engagés. Tous ceux qui les connaissent savent les missions dont ils sont investis. Ils n’ont pas à en faire état dans le combat électoral. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Liste d’« union des droites », vous y allez un peu fort, c’est surtout une liste Debout la France…
Ah oui ? Je vous rappelle que je ne suis pas membre de DLF mais que je préside le Centre national des indépendants et paysans, formation politique conservatrice et libérale qui a quelque expérience en matière d’union. Trois ans avant que Nicolas Dupont-Aignan ne vienne au monde, soit en 1958, les Indépendants avaient réussi à faire élire 117 députés à l’Assemblée nationale, soit le groupe le plus important après celui de l’UNR gaulliste. A cet égard, je crois plutôt que l’alliance conclue soixante plus tard entre DLF et le CNIP, qui a huit représentants sur la liste, revêt un caractère historique : deux formations issues de courants bien distincts, et parfois opposés, se sont retrouvées. A travers DLF, gaulliste, et le CNIP, conservateur et libéral, ce sont même les deux courants principaux de la droite française sous la Ve République qui se retrouvent, excusez du peu !
Dans ce cas, pourquoi n’avoir pas fait alliance avec Bellamy ?
Mais parce que la question ne se pose pas en ces termes ! François-Xavier Bellamy est un homme assurément charpenté intellectuellement, mais qui, pour cette qualité même, s’est vu confier par Les Républicains la mission de reconquérir l’électorat conservateur, celui qui s’était porté sur François Fillon. Pour des raisons que je préfère ne pas connaître, il a accepté de jouer les rabatteurs de voix. Avec son air innocent, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Mais il va trahir consciemment ceux qui vont voter pour la liste LR.
Moi aussi, je peux arriver sur un plateau de télévision pour dire que l’Europe, c’est d’abord une civilisation et que notre devoir est de transmettre aux générations futures ce que nous avons reçu des générations qui nous ont précédés. Bien sûr que le seul enjeu est la survie de la civilisation européenne – notre survie ! – face aux assauts conjugués de la submersion migratoire, de l’islamisation et de la marchandisation de l’humain.
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Je peux dire cela, car je le crois. Mais il y a une chose que je ne peux pas faire : c’est me présenter devant les Français en compagnie de ceux-là mêmes qui n’ont eu de cesse, depuis des décennies, d’être les acteurs, ou les complices, de la destruction de cette même civilisation. Car enfin, une fois élu – car ne vous inquiétez pas pour lui, il sera élu –, lui et tous ceux qui sont sur sa liste et se font d’une remarquable discrétion vont s’en aller siéger au sein du PPE, le Parti populaire européen, c’est-à-dire le parti qui préside la Commission, le Parlement et le Conseil européens, et qui est donc responsable d’absolument tout ce que Bellamy dénonce ! Bellamy, c’est Kaa dans le Livre de la Jungle : « Aie confiance, crois-en moi, que je puisse veiller sur toi… »
Que les électeurs de droite en soient bien conscients : voter Bellamy, c’est porter à la présidence de la Commission européenne Manfred Weber, l’actuel président du groupe PPE, député au Parlement européen depuis quinze ans ! « Grâce à l’unité de notre groupe, se vante-t-il d’ailleurs, bon nombre de nos propositions sont devenues des lois. » C’est bien ce qu’on lui reproche !
Propos recueillis par Blanche Sanlehenne
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