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Old star, le 17e album de Darkthrone, ne sera pas le disque le plus emblématique de leur discographie, mais c’est l’occasion de revenir sur un groupe aussi intègre qu’atypique et l’une des figures de proue du genre le plus paradoxal qui soit.
En 1992, Fenriz, batteur et co-fondateur de Darkthrone, déclarait dans Metal Hammer : « Il y a trois ans, le Black Metal était mort, et c’est ainsi qu’on le veut, mort ! Notre album n’est pas le genre de disque qui inspire des commentaires du style : “le guitariste joue bien“… On l’a fait pour dégager l’atmosphère la plus sombre et flippante possible, c’est tout ». Le décor est planté. En effet, dès 1991, les Norvégiens de Darkthrone renient le Death Metal. Ils ont pourtant sorti un premier album dans cette veine technique et brutale, mais jugent que ce style ne leur correspond plus, d’autant qu’il est, selon eux, dépourvu d’idéal, gangréné par une idéologie fun et des messages socio-politiques niais. C’est ainsi qu’est conçu A Blaze in the northern sky, acte fondateur de la « Deuxième vague Black Metal » et chef-d’œuvre du genre. Plus qu’une réaction à une mode, c’est une opposition radicale à tout ce que véhicule l’époque en matière de politiquement correct, de bons sentiments, de progrès, de mondialisation et de divertissement. Un contrepoint au nihilisme par une esthétisation du chaos qui nous traverse. Plus frontalement, cet album hanté réinjecte une sérieuse dose de dangerosité et de colère dans le vaste monde du rock pacifié. Avec le recul, c’est un coup de maître.
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PUR NOIR
Même si d’autres participent au lancement de la Deuxième vague, c’est cet album qui pénètre massivement l’underground européen et marque les esprits rebelles de ce temps. Composé dans l’urgence, influencé par les Suédois de Bathory, les Hongrois de Tormentor et les Suisses de Hellhammer, A Blaze in the northern sky est d’abord refusé par leur label Anglais, choqué par ce son (entre blizzard et caverne) volontairement anti-commercial. Dans une frénésie créatrice, Darkthrone sort coup sur coup Under a funeral moon et Transylvanian hunger.
Partisans du no contact, refusant tout concert, fortement taxés sur les ventes, les Norvégiens ne se rendent qu’à moitié compte de leur succès au sein de la sphère mondiale, même si leur statut de groupe culte enfle au même rythme que leur mal-être.
Toujours plus froids, agressifs, décharnés, axés sur des riffs hypnotiques, ces albums posent les bases d’un genre dont les propres fondateurs souhaitaient qu’il restât mort. Partisans du no contact, refusant tout concert, fortement taxés sur les ventes, les Norvégiens ne se rendent qu’à moitié compte de leur succès au sein de la sphère mondiale, même si leur statut de groupe culte enfle au même rythme que leur mal-être. Pour que la musique reste une envie, les deux membres s’accrochent à leurs jobs alimentaires et enchaînent les albums, entre diverses périodes de lutte, comme ils disent, se moquant de coller ou non au genre qu’ils ont eux-mêmes façonnés. Nothing to prove, clament-ils en 2006 – dont acte. Darkthrone incorpore à son Black des éléments issus du Crust Punk, du Thrash, du Doom et du Heavy old school. Sans pour autant perdre de leur authenticité, les Norvégiens créent la surprise, vantant encore une fois le retour aux sources, à l’organique, s’opposant aux productions en plastique et aux techniciens sans âme.
TROP VIEUX, TROP FROID
C’est qu’entre-temps, vidé de sa substance, le Black Metal est devenu bien plus qu’une mode : la valeur sûre de l’industrie Metal traditionnelle. Cette musique qui laissa tant de gens sur le carreau (dérives criminelles comprises) se pratique désormais au grand jour. Ironie du sort, ce succès reste sans commune mesure avec la petite entreprise du Death Metal d’alors contre laquelle les Norvégiens s’étaient jadis dressés. Tandis que le Black est récupéré par à peu près tous les styles, du Hardcore à la Pop, triomphant même dans des nanards sans nom, Darkthrone reste étranger à toute forme de starification : Too old, too cold – là encore, nombre de groupes vont s’emparer de cet étendard. Trop vieux, trop froid, mais moins sauvage qu’au siècle passé, le duo culte s’ouvre parfois aux médias par l’intermédiaire de Fenriz. Le grand public y découvre un quadra aussi drôle que subtil, évoquant ses passions et son parcours avec une spontanéité déconcertante, ne jouant aucun autre personnage que lui-même. C’est à ce moment précis où l’on se demande comment ce type sympa, plaisantant parmi sa collection de disques, parvient à rester si crédible en tant que fer de lance du genre le plus obscur qui soit ?
On ne jouera pas la malhonnêteté en disant que l’album est une merveille, car il s’agit sans aucun doute d’un des moins passionnants du groupe, même si comme toujours des riffs sortent du lot.
L’absence de pose certainement – dans une époque dominée par le faux, l’intégrité tranche forcément. Sans se renier, refusant toujours de tourner, Darkthrone coule des jours tranquilles à Koboltn où Fenriz s’est retrouvé malgré lui suppléant au conseil municipal avec le slogan : Ne votez pas pour moi.
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RIEN À PROUVER
Dans la continuité de leurs derniers albums en forme d’hommage au vieux son qui a inspiré le groupe, Old star ne surprendra plus ceux qui les suivent. On ne jouera pas la malhonnêteté en disant que l’album est une merveille, car il s’agit sans aucun doute d’un des moins passionnants du groupe, même si comme toujours des riffs sortent du lot. On distinguera cependant les morceaux Duke of gloat et Old star qui continuent d’honorer l’idée d’un Darkthrone qui n’a définitivement rien à prouver.
Alain Leroy
OLD STAR Darkthrone Peaceville 14,99 €
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