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Le jeune président de Racine d’avenir, membre de LR, fait aujourd’hui l’objet d’une chasse aux sorcières dans son propre parti. Entretien.
Certaines voix chez LR demanderaient votre exclusion du parti. Quelles sont-elles et quelle est leur légitimité pour exiger cela ?
Cette question de mon exclusion de mon parti – dont je suis adhérent depuis sept ans – avait déjà été posée l’an dernier lors de ma candidature à la présidence des Jeunes LR. Elle était alors soutenue en bureau politique et dans les médias par Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou Jean-Francois Copé, scandalisés que j’ose prôner un dialogue avec le RN et DLF. Autant de personnalités, on le voit bien, qui sont au bout du compte plus proches d’Emmanuel Macron que de la vraie droite. Valérie Pécresse a d’ailleurs depuis abandonné le navire, mais visiblement en oubliant son gilet de sauvetage au vu du sondage Elabe qui la place à… 5%.
Laurent Wauquiez – poussé injustement dehors par les mêmes – avait tranché définitivement la question de mon exclusion : en tant que militant, je suis libre de mes positions publiques. Son soutien m’a beaucoup touché et je lui en suis reconnaissant. C’est la raison pour laquelle je pense que malgré les demandes de certains, Christian Jacob ne m’exclura pas. Ce serait un signal négatif de plus envoyé à la base militante, inquiète d’un rapprochement potentiel avec LREM pour les municipales, comme on le voit à Niort et Toulouse. Les sondages nous placent entre 5% et 9% aux présidentielles de 2022. Ils ont besoin de toutes les voix et ne vont certainement pas commencer le rassemblement par l’exclusion. Ce serait du suicide.
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Alors oui, la question demeure : qui veut ma peau ? Visiblement la jeune garde des députés LR. Les mêmes qui jugent que la droite doit, je cite, « sortir de son obsession identitaire ». Je vous laisse le soin de deviner de qui je veux parler. Mais mon objectif n’est pas de lancer des anathèmes. Le sectarisme n’est pas de mon côté, mais du leur.
Plus profondément, comment jugez-vous les fruits de la « Convention de la droite » vis-à-vis de LR : a-t-elle fait évoluer les choses ou au contraire les a-t-elle bloquées ?
Pour la première fois depuis des années, un député LR – Xavier Breton – figurait sur la même scène qu’un député RN – Gilbert Collard – et aucune sanction n’a été prise chez LR. Pas de vague. Pas d’indignation. Rien que cela, c’est un formidable succès. Le signal envoyé est donc assez simple : en tant qu’élu LR, vous pouvez désormais dialoguer avec des gens de formations politiques plus à droite, sans vous soucier d’être exclu. Alors oui, la tension venant de la gauche est encore palpable, et on le voit en ce moment avec cette polémique hallucinante concernant Bellamy qui aurait commis l’irréparable en osant simplement discuter avec Robert Menard, à la suite des inondations à Béziers et dans le cadre de sa mission au Parlement européen !
À gauche, @fxbellamy discute simplement dans le cadre de son mandat européen avec @RobertMenardFR des inondations à Béziers: scandale.
À droite, @cestrosi reçoit @EmmanuelMacron pdt la présidentielle pour torpiller Fillon: il est investi candidat LR à Nice.
Trouvez l’erreur. pic.twitter.com/BNgK6OJNd0
— Erik Tegnér (@tegnererik) November 1, 2019
L’évolution du côté de LR sera lente et progressive : nous le savions. Il va falloir que des personnalités courageuses se coalisent pour former une courant en mesure de résister face à la tentative d’OPA des centristes et des Macron-compatibles sur LR. Je pense notamment aux parlementaires Xavier Breton et Sébastien Meurant, au conseiller départemental du 93 Vijay Monany – intervenant de la Convention – ou encore au conseiller régional et membre du bureau politique de LR Sebastien Pilard. Sans oublier évidemment Guillaume Larrivé, Julien Aubert, Valérie Boyer ou encore ceux dans la lignée de Bruno Retailleau. Il faut qu’ils fassent naître l’espoir d’une droite qui ne se cantonne pas à François Baroin, sans être obligée de se jeter dans les bras de Marine Le Pen.
L’élection de Christian Jacob à la présidence ne signe-t-elle pas la fin de votre courant ?
J’ai personnellement voté pour Julien Aubert, qui proposait une rupture avec le centre et un véritable projet de fond, axé sur l’identité, la liberté, la défense de notre industrie et de notre civilisation. Ce qui m’inquiète, plus que l’élection de Christian Jacob, c’est l’arrivée organisée de François Baroin, déjà quasi intronisé candidat de la droite en 2022. Certains ont visiblement oublié qu’il fut un temps où il se prononçait contre les crèches dans les mairies. Dans les colonnes du JDD aujourd’hui, il met sur le même plan l’islamiste du conseil régional de Bourgogne-Franche–Comté dénoncée par Julien Odoul, et un simple accompagnant scolaire qui pourrait porter un tee shirt à l’effigie d’une personnalité politique. Tout en prétendant défendre la laïcité, il opère par ce type de comparaison une banalisation dangereuse du voile islamique.
Vous le voyez, plusieurs mois plus tard, l’opération de sabordage de Laurent Wauquiez par des jeunes députés aujourd’hui promus aux plus hautes fonctions du parti aura parfaitement fonctionné. Cependant, ne pensez pas qu’une partie des élus se serait soumise. Loin de là. L’élection de Jacob est paradoxalement une occasion inouïe pour tout un courant conservateur, souverainiste et national, de se structurer chez LR. Et de travailler à l’émergence d’une candidature alternative à François Baroin et Marine Le Pen. Car ne vous y trompez pas : le match Macron-Le Pen qu’on nous promet en 2022 sera au profit du premier.
Alors oui, la question demeure : qui veut ma peau ? Visiblement la jeune garde des députés LR. Les mêmes qui jugent que la droite doit, je cite, « sortir de son obsession identitaire ». Je vous laisse le soin de deviner de qui je veux parler. Mais mon objectif n’est pas de lancer des anathèmes. Le sectarisme n’est pas de mon côté, mais du leur.
Un sondage du JDD ce dimanche place Marine à 27% au premier tour, et 45% au deuxième tour. Certains semblent y voir la possibilité pour Marine Le Pen de faire sauter le plafond de verre : mais laissez-moi vous rappeler qu’en mars 2017, Marine Le Pen était également à 27% dans les intentions de vote au premier tour et à 42% au deuxième. Comme souvent – voir les européennes et les présidentielles – les résultats électoraux du RN sont sur-estimés dans les sondages.
La route est longue, tout peut arriver. Qui sait, Laurent Wauquiez pourrait même revenir. Comme j’ai toujours affirmé que la droite ne pourrait faire sans Marion Maréchal, elle ne pourra non plus se passer de Laurent Wauquiez. Comme de la jeune garde de ces élus conservateurs dont je viens de parler et qui risque de vous surprendre par sa liberté, ses idées et son courage.
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En revanche, je profite de vos colonnes pour condamner ouvertement la nomination du maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, à un poste de vice-président du parti. Cet élu Macron-compatible qui a osé en 2015 un parallèle entre terrorisme islamiste et le soit-disant « terrorisme jambon-beurre saucisson Beaujolais » n’a selon moi pas grand chose à faire dans les instances dirigeantes de LR. On vient presque à regretter Geoffroy Didier (ironie) ! J’aurais largement préféré que Valérie Boyer soit promue à ce poste, mais elle est malheureusement absente de la direction.
Vous faites par ailleurs l’objet d’une plainte du CCIF pour islamophobie : cela ne devrait-il pas pousser votre parti à vous défendre ?
Que signifie ce terme « islamophobe » ? N’a-t-on plus le droit en France d’être critique à l’égard d’une religion ? Qui plus est contre ses éléments les plus radicaux ? Je suis attaqué pour avoir osé critiqué le voile noir islamique, le même porté par les femmes de Daesh. Vous voyez l’absurdité ?
J’ai été soutenu par de nombreux militants de mon parti. Le CCIF est l’agent d’infiltration progressive des idées islamistes dans notre société. Cette association politique vise à nous bâillonner : ça ne sera pas mon cas. Et à gagner de l’argent par des procès en boucle qui attirent les dons.
Je profite de vos colonnes pour condamner ouvertement la nomination du maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, à un poste de vice-président du parti. Cet élu Macron-compatible qui a osé en 2015 un parallèle entre terrorisme islamiste et le soit-disant « terrorisme jambon-beurre saucisson Beaujolais » n’a selon moi pas grand chose à faire dans les instances dirigeantes de LR.
J’espère que mon parti saura me défendre. C’est en tout cas une raison de plus pour eux de ne pas m’exclure. À l’heure où le débat sur le voile et l’islam est aussi bouillant, que dirait-on si une cible des islamistes est mise dehors ?
Quoiqu’il en soit, ma marque de fabrique est la liberté et la sincérité. Je ne céderai rien, ni aux islamistes, ni aux centristes souvent coupables de laisser prospérer ces premiers.
Propos recueillis par Jacques de Guillebon
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