On ne parle pas de crise en Allemagne pour des raisons politiques et historiques évidentes – ne pas inquiéter l’Europe. Depuis sa naissance en 1949, la République fédérale représentait un pôle de stabilité ayant surmonté la division de la guerre froide et la réunification de 1990: l’entrée de l’Af D au Bundestag remet en cause des décennies de consensus.
Alors que la RFA appartient au passé, le système politique parlementaire du Bund et des Länder, hérité de l’après-guerre, n’a pas changé après 1990. Sous l’hégémonie des deux grands partis de gouvernement, les chrétiens-démocrates de la CDU créée en 1945, et le SPD, le vieux parti social-démocrate créé en 1875, la situation était simple : ils se partageaient le pouvoir, le plus souvent en coalition avec le parti libéral FDP, et parfois ensemble dans une Grande Coalition (GroKo). Le système s’est un peu renouvelé depuis les années 1980, avec l’irruption des Verts issus du mouvement soixante-huitard, puis de Die Linke (parti d’extrême gauche héritier du Parti communiste SED de l’ex-RDA et d’une scission de gauche du SPD), mais sans que rien ne change au niveau du gouvernement fédéral. L’éventail politique avait donc trois gauches et deux centres (la CDU insiste beaucoup pour se dire centriste), et pas de parti de droite assumé en dehors de la CSU en Bavière. Le parti nationaliste NPD, frisant les 5 %, a manqué de peu son entrée au Bundestag en 1969. Comme on disait au temps de la RFA: « Bonn n’est pas Weimar. » L’Allemagne était « la démocratie exemplaire » de l’Europe.
Avec les élections fédérales du 24 septembre 2017, deux nouveautés perturbent la belle ordonnance parlementaire et la formation du gouvernement. Les deux grands partis de la coalition sortante ont été (...)
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