Emmanuel Macron a échoué à obtenir une majorité parlementaire. L’alliance d’extrême-centre Ensemble, qu’il a constituée pour gagner les élections législatives, se trouve minoritaire. Il lui manque 44 sièges à l’Assemblée nationale. Cet écart demeure trop important pour qu’il puisse être compensé par quelques ralliements ou débauchages individuels. Certes, Ensemble représente la première force politique à la chambre des députés. Il lui appartient donc, en principe, de diriger le gouvernement. Mais pour pouvoir ensuite agir, il lui faudra élargir sa base politique. Or l’équation à résoudre pour y parvenir s’avère extrêmement complexe. Emmanuel Macron doit affronter deux oppositions frontales qui n’entendent absolument pas se montrer conciliantes : d’un côté celle de la NUPES disposant de 131 députés, de l’autre celle du Rassemblement national avec 89 élus.
Le pire serait naturellement pour Emmanuel Macron de gérer cette situation avec un gouvernement minoritaire, limité à la seule force Ensemble, en tentant de jouer sur la division de ses adversaires pour se maintenir au pouvoir, durant cinq ans, dans un état permanent d’équilibre précaire. La constitution ne permet plus en effet, comme cela avait pu être le cas en 1988 avec le gouvernement Rocard, de diriger le pays grâce à une simple majorité relative, par le recours répété à l’article 49-3. Ce texte qui permet d’adopter des lois sans vote, sauf à ce que les oppositions s’unissent entre elles, ne peut plus être utilisé qu’une seule fois par session parlementaire, excepté en matière budgétaire. Dès lors, privé de cette arme institutionnelle, un gouvernement minoritaire ne dispose plus réellement des moyens d’agir. Or la situation actuelle de la France, avec les multiples crises qui arrivent tant en matière économique que géopolitique, ne permet pas de jouer durablement la stratégie de l’immobilisme.[...]
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