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Bernanos : Notre capitaine

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Publié le

16 avril 2018

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© Jacques Terpant pour L’Incorrect edito jacques

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Suivre Bernanos, en tant que Français et en tant qu’hommes, dans sa lutte désespérée pour la conservation d’un monde visant plus haut, voyant plus loin et comprenant plus profondément n’est aujourd’hui pas un choix mais une nécessité.

 

« Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme », chantait Rimbaud dix ans avant que naisse un petit garçon aux yeux bleus comme le ciel quand il se reflète dans les rigoles des che – mins d’Artois, qui eût pu faire de ce vers du poète son mot d’ordre. 1888-1948 : le demi-siècle que parcourut ce petit garçon qui jamais ne vieillit est un extraordinaire moment de l’histoire des hommes d’occident déchiré par les deux guerres mondiales et où s’effondrent les murs porteurs de l’ordre ancien, pays, foi, famille, honneur, recherche de la vérité et amour de la liberté. De ce moment, bien plus que le témoin, Georges Berna – nos en fut le combattant. Peu nous chaut ce temps passé, diront les imbéciles, souvent nés après la chute du Mur et pour qui l’histoire commence avec Youtube. Tout au contraire, croyons-nous et disons-nous, bien plus que de ce Mai 68 qui ne veut pas mourir, ce sont de ces dix lustres là que nous sommes réellement les héritiers, de cet orage d’acier préparatoire à toutes les grandes catastrophes déjà venues ou encore à venir.

Suivre Bernanos, en tant que Français et en tant qu’hommes, dans sa lutte désespérée pour la conservation d’un monde visant plus haut, voyant plus loin et comprenant plus profondément n’est aujourd’hui pas un choix mais une nécessité. Des mille penseurs des XIXe et XXe siècles qui connurent parfois certaine fortune, combien en demeure-t-il qui n’aient pas erré, qui n’aient vu leurs idéologies sombrer dans la vacuité quand ce n’était pas dans l’erreur criminelle ? Bernanos n’est certainement pas un théoricien, et c’est par là qu’il surnage et réchappe au naufrage des modernes bien-disants apparemment tout-puissants : « Je ne suis pas un philosophe, un penseur, un professeur, écrit-il. Je suis un homme comme vous, comme n’importe lequel d’entre vous, mais je sens ce que vous ne sentez pas, ce que vous subissez sans le sentir – l’immense pression exercée à toute heure, jour et nuit, sur nous tous, par le conformisme universel. » Penser contre soi-même, contre son milieu et contre les séductions du monde, y a-t-il besoin plus pressant à l’heure de la bienveillance universelle ? Le sommeil de nos passions a engendré des monstres, et ils ont le visage gentiment abruti d’une députée LREM quand elle vote la hausse de la CSG.

Peu nous chaut ce temps passé, diront les imbéciles, souvent nés après la chute du Mur et pour qui l’histoire commence avec Youtube.

Est-ce vraiment dans ce monde-ci de « petits mufles réalistes » que vous voulez vivre, n’a cessé de hurler Bernanos avec une férocité de plume qui dissimulait mal sa tendresse infinie, celle de Jésus en fait, pour l’espèce humaine dont il est un désespéré spécimen. Bernanos demeure le meilleur compagnon pour nous autres postmodernes, celui qui a vécu dans sa chair nos tentations de reniement et d’abandon au confort du monde tel qu’il fait semblant d’aller. Né dans le royalisme antisémite par anticapitalisme, et dans le catholicisme intransigeant par goût de la rébellion, il est mort dans la France libre et dans la résistance aux robots : quoique son parcours semble sinueux, Bernanos ne fut pas un homme de fidélités successives, mais un homme d’un bloc, de cela seul qu’on ne négocie pas : l’honneur. Il eût pu dire, comme cet officier parachutiste à son procès après le putsch d’Algérie : « Ayant à choisir entre l’honneur et la fidélité, j’ai choisi l’honneur »

Né dans le royalisme antisémite par anticapitalisme, et dans le catholicisme intransigeant par goût de la rébellion, il est mort dans la France libre et dans la résistance aux robots : quoique son parcours semble sinueux, Bernanos ne fut pas un homme de fidélités successives, mais un homme d’un bloc, de cela seul qu’on ne négocie pas : l’honneur

Car dans la France des lâches, et celle de 2018 le cède pour cela peu à celle de 1938, il n’est de voix, sinon celle de Péguy, qui résonne si fortement pour nous rappeler au courage que celle de l’auteur des Grands cimetières sous la lune. Celui qui a « juré de nous émouvoir, d’amitié ou de colère, qu’importe », nous précède toujours, ombre immense dans la nuit des trahisons – qui pour sa toiture à refaire, qui pour un poste de professeur de philosophie, qui pour son salaire de chroniqueur, qui pour les jouissances du pouvoir, qui tout simplement pour qu’on lui foute la paix. Bernanos est un puissant tortionnaire de conscience tranquille, qui a promis de ne jamais nous foutre la paix. « Je voudrais que la jeunesse de France fasse le serment de ne plus mentir ». Au temps des reculs permanents devant la loi islamique et son cortège d’attentats; au temps des startupeurs globalisés; au temps des néoféministes émasculés; au temps des traqueurs d’icônes fascistes; au temps des promoteurs de mères porteuses et des quêteurs de parents à euthanasier, il est ce qu’il y a de plus urgent.

 

Lire aussi : Bernanos et la vocation spirituelle de la France

 

Car le mal est sans cesse à l’œuvre parmi nous, c’est ce que nous réapprend le catholique Bernanos, ce mal à qui il ose, lui, donner son vrai nom, Satan. Ce mal qui prend évidemment les apparences du bien, sans quoi il ne serait pas opératif, ce mal qui fait désespérer jusqu’au suicide les meilleurs parmi les âmes – pauvre Mouchette – ce mal qui a les yeux inquisiteurs et la voix calorifère d’un humaniste – affreux Monsieur Ouine. Mais le mal n’est pas seul à la manœuvre dans ce monde, où comme la manne au désert pleut toujours la grâce – c’est l’autre leçon du chrétien Bernanos, celle que nous pouvons d’ailleurs entendre le moins. Car si, il peut y avoir de la poésie et des hommes encore après tout, après Auschwitz même, nous indique-t-il. Et quel exemple merveilleux de cette race française venue du fin fond des siècles, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame ne nous a-t-il pas donné ces jours-ci, alors qu’il était le visage de la France ? Et quel digne rejeton de l’honneur selon Bernanos n’est-il pas devenu, officier et catholique, prêt à échanger sa vie contre celle d’une femme ?

Car dans la France des lâches, et celle de 2018 le cède pour cela peu à celle de 1938, il n’est de voix, sinon celle de Péguy, qui résonne si fortement pour nous rappeler au courage que celle de l’auteur des Grands cimetières sous la lune.

Alain Finkielkraut a dit quelque part que dans cette tragédie, plus que d’honneur c’est de sainteté qu’il eût fallu parler. Et combien c’était vrai. Et combien une fois encore on entend la voix de Bernanos, dont le dernier mot qu’il nous adresse est celui de la sainteté : « Car la sainteté est une aventure. C’est même la seule aventure ». Il n’y a pas à barguigner : si l’on veut demain que l’histoire, que France continuent, contre tous les robots, ceux de la Silicon Valley comme ceux de Bruxelles, ceux du Califat islamique comme ceux de la Défense, ceux des universités de la côte Est comme ceux de l’Élysée, ce sont des hommes qu’il nous faut.

 

 

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