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Le feuilleton Brexit est loin d’être terminé ; au Royaume dit Uni il tourne au psychodrame. Mais dès maintenant, quelques leçons peuvent cependant être tirées. On peut déjà être tenté de conclure qu’une sortie de l’Union européenne s’avère irréalisable, ou proche du tour de force. La réponse me paraît être que non. Mais c’est sûrement difficile, et il faut s’y prendre avec soin.
Les Britanniques avaient un atout majeur : ils n’étaient pas dans la zone euro. Pas besoin de changement de monnaie. Et finalement leur négociation avec l’Union européenne a pu se dérouler presque sans encombre sur la plupart des points – sauf un, l’Irlande. Des problèmes apparemment intraitables comme le statut des personnes ou le sort du secteur financier ont fait l’objet de pistes d’accords. Des compromis certes, mais acceptables pour les deux parties.
Le psychodrame a une seule cause, l’Irlande – dont l’enjeu est faible en regard des rapports futurs entre la Grande Bretagne et l’Europe à 27. Mais la sortie implique une frontière entre le Royaume et les 27. Les Européens l’excluaient entre les deux Irlande ; les Britanniques l’excluaient à l’intérieur du Royaume-Uni. Deux positions inconciliables. L’accord obtenu est peu favorable pour les Britanniques, puisqu’ils se mettent à la merci des 27 pour la sortie de la transition. Mme May a mal manœuvré, et s’est fait piéger en acceptant ce qu’on a appelé le backstop ; elle aurait dû rester plus ferme sur l’unité du Royaume Uni et la possibilité d’une frontière entre les deux Irlande.
Même s’il n’est pas sûr qu’elle aurait pu éviter le problème par la suite, et qu’il se peut qu’aucun autre accord n’était possible. Mais quoiqu’il en soit, une chose est claire : cette affaire irlandaise est très particulière et n’a pas son équivalent ailleurs. Elle ne permet donc pas de conclure à la difficulté d’une sortie honorable de l’Union européenne. La conclusion sur ce plan me paraît au contraire claire : pour un pays hors zone euro, et hors un tel caillou dans la chaussure, la sortie est faisable. Même si elle est difficile.
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Economiquement on voit beaucoup de propagande pour montrer les risques du Brexit. Du Brexit dur, sans accord, qu’on nous décrit comme un effondrement. Mais aussi d’un Brexit avec l’accord qui a été négocié. Or dans ce dernier cas la baisse du PNB anticipée est de quelques pourcents de PNB sur 15 ans, ce qui est dans la marge d’erreur du calcul. Et prévisible, puisqu’un tel changement suppose un effort d’adaptation qui a forcément un coût. Politiquement d’ailleurs, si certains des Brexiters ont fait miroiter des perspectives économiques mirifiques, le vote Brexit ne s’est pas fait sur cette base. Les déterminants étaient la souveraineté nationale et l’immigration. Ils subsistent.
La deuxième grande question que cette affaire soulève est celle de l’Europe elle-même. Dans la négociation les 27 sont restés pour l’essentiel unis ; on dit que cela prouve la force de l’Europe. Non : outre l’habilité et la ténacité de Barnier (indéniables), et le fait que les 27 étaient largement dans le même camp dans une telle négociation, cela confirme surtout l’emprise des traités.
La position des 27 a résulté d’une conformité stricte à leur logique. C’est ce qui a conduit à balayer tous les espoirs de régime préférentiel désiré par Mme May. L’Europe de Bruxelles est comme chacun sait une construction formelle très rigide. En cas de consensus on peut se permettre des entorses. Mais dans le doute il y a une position de repli : la logique implacable des textes.
Une chose est claire : cette affaire irlandaise est très particulière et n’a pas son équivalent ailleurs. Elle ne permet donc pas de conclure à la difficulté d’une sortie honorable de l’Union européenne
Cela dit tout n’est pas si rose. Notamment, il aurait été plus sage d’être plus souple sur l’affaire irlandaise. La rigidité des principes a permis à Barnier de gagner dans sa négociation. Ce qui serait bel et bon si cette victoire n’apparaissait pas avec le recul comme trop favorable. Car si le résultat est un Brexit sans accord, ce ne sera pas un succès pour l’Europe.
Finalement, pour le futur de l’Europe à 27, le bilan prévisible est somme toute peu exaltant. Après tout c’est cette rigidité qui a été la cause du Brexit : une ambition fédéraliste se traduisant à chaque étape par un corset juridique passant par-dessus la tête des peuples. En rajouter une couche comme le désire M. Macron est évidemment l’erreur par excellence. Mais laisser le système en l’état aussi. La leçon du Brexit, c’est d’abord le besoin d’ouvrir les fenêtres et de desserrer le corset. Au risque sinon d’apparaître comme la prison des peuples. [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]