Athena est une cité. Un nom bien choisi, puisque Romain Gavras ambitionne de revisiter la tragédie antique version wesh. Le bougre a du talent. Son plan séquence d’ouverture de dix minutes d’une attaque de commissariat vous pète la rétine par sa puissance esthétique. La cause : la mort d’un gamin, « la troisième bavure policière », nous explique-t-on. Gavras coche toutes les cases : un complot d’extrême droite, des flics ripoux et le seul Français de souche de la cité qui se révèle être un djihadiste.
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Seul inconvénient : ses personnages et la meute enragée qui les entoure ne suscitent guère d’empathie. C’est toujours le même problème avec les racailles : on n’a pas envie de les plaindre. Déjà parce qu’on ne comprend qu’un mot sur deux de ce qu’ils racontent, et puis lorsqu’ils brandissent un drapeau français mais pour l’exhiber comme une prise de guerre, l’envie de napalm n’est pas très loin. Le scénario en tant que tel n’intéresse guère Gavras qui jouit de sa mise en scène, exutoire à sa fascination malsaine pour la violence. Elle justifie tout, même le pire : l’envie de guerre civile.
Athena (1h37), de Romain Gavras, avec Dali Benssalah, Sami Slimane, Anthony Bajon, sur Netflix