Votre pièce s’intitule Aurore dans la nuit. De quoi s’agit-il ?
C’est une pièce que nous avons écrite, mise en scène et interprétée à deux. Elle a été jouée à Paris en janvier et mars derniers, et vient d’être sélectionnée pour deux événements importants : le Jubilé des jeunes à Rome et le Festival d’Avignon, où elle sera présentée du 5 au 26 juillet dans le quartier de la Luna, l’un des plus vivants du festival.
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Quel message portez-vous à travers ce spectacle ?
Nous avons voulu traiter le thème de l’espérance. Cette pièce est née d’un constat : la profonde tristesse qui habite beaucoup de jeunes aujourd’hui, en particulier depuis le Covid. Nous avons donc écrit l’histoire d’Aurore, une jeune artiste en quête de sens. Après un échec amoureux, elle vit une expérience mystique qui la pousse à croire qu’elle est appelée à la vie religieuse. Mais cette vocation s’avère ne pas être la sienne. Elle doit alors réapprendre à vivre dans le monde, à chercher autrement sa place et sa mission.
Est-ce une pièce religieuse ?
Elle se déroule en partie dans un cadre religieux : Aurore passe du temps dans un couvent, et des auteurs comme Charles Péguy y sont évoqués. Mais nous n’avons pas voulu faire une pièce confessionnelle. L’idée n’est pas de dire que la foi est la seule réponse à la détresse psychologique, mais plutôt de raconter un chemin de vie, avec ses ombres et ses lumières. Il y a dans la pièce des figures croyantes, mais aussi des personnages comme Lucie, non croyante, qui se donne aux autres et aide Aurore à se relever. Ce que nous voulons montrer, c’est que l’espérance naît souvent de la rencontre, du décentrement, de l’amour reçu et donné.
Quel rôle joue la sœur d’Aurore dans ce récit ?
Hélène, la sœur d’Aurore, incarne très concrètement cette lumière dans la nuit. C’est un personnage solide, présent, profondément aimant. Elle montre qu’on ne traverse pas les épreuves seul : ce sont les autres qui nous aident à reprendre pied. La dimension spirituelle est présente, mais elle ne se substitue pas au réel. Le cœur de la pièce, c’est la relation, la présence, la fraternité.
Vous parlez d’un mélange des formes artistiques. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, la pièce ne se limite pas au théâtre. Elle mêle danse, musique, dessin. C’est aussi un clin d’œil à la vocation artistique d’Aurore. Cela permet de toucher le public par différents canaux sensibles, et de rendre le propos plus incarné, plus vivant.
Pensez-vous qu’il existe aujourd’hui une place pour un art catholique sur les scènes françaises ?
Il serait difficile de prétendre le contraire ! L’art chrétien est au cœur de notre patrimoine. Mais il est vrai que la question religieuse reste sensible. Le simple fait de mettre en scène une religieuse suffit parfois à susciter des accusations de prosélytisme. C’est dommage. Nous pensons qu’il faut pouvoir parler de foi sans être immédiatement disqualifié. Et notre ambition est justement de rendre ce langage accessible à tous, croyants ou non.
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Comment espérez-vous que le public reçoive cette œuvre ?
Nous souhaitons d’abord que le public vienne nombreux ! À Avignon, tout repose sur le tractage dans la rue, ce n’est pas évident… Mais surtout, nous espérons toucher les cœurs. Que les spectateurs sortent avec un souffle nouveau, une envie de vivre. Si cette pièce peut semer une graine d’espérance chez certains, alors nous aurons réussi.
