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De l’importance du romantisme en politique

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Publié le

5 janvier 2018

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Comment le romantisme peut-il demeurer une idée moderne ? De quelle manière un courant qui était déjà imbibé de nostalgie au XIXe siècle pourrait-il représenter une source d’inspiration intellectuelle ou politique en 2017 ? Plaidoyer pour un retour du romantisme en politique.

 

Le romantisme n’est pas une école de pensée ou un courant artistique qui s’est défini comme tel : c’est une étiquette, attribuée a posteriori à une pléiade d’auteurs et d’artistes qui partageaient, à des degrés divers, une même vision de l’homme. Leur dénominateur commun, c’est une critique des idées des Lumières qui elles-mêmes s’opposaient à la pensée chrétienne et médiévale. Cette double opposition s’articule autour de trois notions : la Loi, l’égalité et l’individu.

       La Loi : Les Lumières incarnent une «?sortie de la minorité?», estimant que l’homme peut s’appuyer sur sa raison pour changer l’ordre social. Le principe d’autonomie succède au principe d’hétéronomie.
 
       L’Égalité : Si chaque homme peut potentiellement faire usage de la raison, le pouvoir peut donc théoriquement être partagé avec un plus grand nombre.
 
       L’individu : Jusque là, chaque homme se définissait d’abord par des appartenances considérées comme essentielles, comme sa race, son métier, sa religion, sa famille, son village… Désormais, fort de sa nouvelle «?majorité?» acquise par l’usage de la raison, le «je» prend le pas sur le «nous».

Et les romantiques dans tout ça ? Comme les auteurs des Lumières, les romantiques reconnaissent le principe d’autonomie de l’Homme (premier point). Mais ils accordent à la raison une place beaucoup plus mesurée : celle-ci n’est qu’un outil, avec l’imagination, la sensibilité, l’émotion, pour aborder le monde. C’est ici le nœud gordien de la vision romantique et sa rupture radicale avec les Lumières : l’Homme ne se réalise pas par la raison, souvent trompeuse et trop abstraite, mais par son imprégnation dans une culture, sa culture. L’homme universel, extrait de toute tradition, n’existe pas.

 

Lire aussi : Julien Rochedy « La Droite doit penser printemps »

 

Dans ses « Considérations sur la France », Joseph de Maistre écrit ainsi : « Il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan; mais quant à lhomme, je déclare ne lavoir jamais rencontré de ma vie ». L’Homme n’existe que s’il fait corps avec sa culture et que le « je » s’efface dans un « nous » pluriel : sa patrie, sa famille, ses arts, ses ancêtres, sa langue, sa religion… Schématiquement, l’individu-roi émancipé par la raison n’a pas plus de sens pour les romantiques qu’un maillon isolé. Ce dernier ne s’accomplit pleinement qu’en s’insérant dans un ensemble plus vaste pour donner une chaîne qui traverse les âges. L’« esprit d’un peuple » (Volksgeist), sa sensibilité collective, est ainsi constitutif de l’être humain. C’est cette vision commune qu’on retrouve chez Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Adam Müller, Hegel, Beethoven, Schubert ou des peintres comme Turner ou Caspar David Friedrich.

 

Le Romantisme est-il de droite??

 

Si la pensée romantique demeure d’actualité, il apparaît que celle-ci s’inscrit plutôt dans la tradition politique de droite. Celle-ci a été définie par Chantal Delsol dans une approche anthropologique particulière : alors que la gauche pense que l’individu est intrinsèquement bon et que ce sont les structures qui l’entourent qui le pervertissent (la société, les classes sociales…), la droite estime que le mal et le bien sont consubstantiels à l’Homme.

La nature humaine n’est donc pas modulable : elle restera toujours complexe et pleine de paradoxes (égoïsme et générosité, désir du bien et tentation du mal,…). D’où l’importance de la tradition et du conservatisme à droite : l’Homme étant imparfait, le passé et l’héritage sont un enseignement vivant pour appréhender aujourd’hui cette humanité pleine de contradictions. « La tradition, c’est transmettre le feu, pas vénérer les cendres. » (Gustav Mahler, un autre romantique !).

Ainsi, chaque culture a son organisation sociale et ses rites qu’il convient de conserver car ils sont porteurs d’un équilibre précieux. Le changement n’est pas mauvais en soi, mais il suppose une menace sur cette stabilité. La gauche au contraire, misera toujours sur de profonds changements pour transformer la société et ainsi tenter d’améliorer l’Homme. Pourquoi le romantisme serait-il de droite aujourd’hui ? Précisément dans ce rapport commun à la Tradition : chez les romantiques, elle est le terreau culturel indispensable pour que chaque homme et chaque société se réalise pleinement. À droite, elle est une sagesse, un enseignement pour s’inscrire dans les pas des anciens qui ont su avant nous trouver un équilibre entre tous les paradoxes qui structurent l’humanité. Pour filer la métaphore jardinière, c’est donc un terreau et un tuteur. Une vision complémentaire.

 

Un peu plus de romantisme dans le débat public

 

Les romantiques proposent un regard neuf sur les défis contemporains, et pourquoi se priver alors de plusieurs philosophes ou chercheurs français qui offrent désormais des approches qui s’emboîtent parfaitement avec un « esprit » romantique et qui alimentent cette perspective. L’éloge des frontières de Régis Debray, l’écologie des civilisations d’Hervé Juvin ou même les travaux sur l’intemporalité des modèles familiaux d’Emmanuel Todd confirment chacun à leur manière l’existence des cultures locales ou nationales ainsi que l’impérieuse nécessité de les protéger.

Prenons la question de l’immigration et de l’Islam, et tentons de lire ce sujet avec les « lunettes » du romantisme. Puisque chaque homme se réalise dans sa culture, celle que ses ancêtres lui ont léguée, il était inévitable que des tensions apparaissent entre les « indigènes » et les nouveaux venus. L’individu « hors-sol » des Lumières n’existant pas, les hommes ne sont pas interchangeables. Le romantisme établit donc le diagnostic et fixe un remède en rappelant l’absolue nécessité de défendre sa propre civilisation. Une perspective qui balaie d’un revers de la main le débat moderne « multiculturalisme ou assimilation » car dans les deux cas, « l’esprit » de chaque peuple (des « indigènes » comme des « immigrés »), leur sensibilité collective, leur identité religieuse et ethnique sont remis en cause.

 

Lire aussi : La Droite, histoire et géographie

 

Mais cette perspective farouchement identitaire échappe à la condamnation morale de « racisme », puisque la défense de la culture française et européenne ne se fait pas aux dépens d’une autre : aucune civilisation n’est inférieure ou supérieure, mais elles sont différentes et doivent le rester. En défendant sa culture chez soi, on défend celle de l’autre chez lui : les Tibétains, les Zoulous ou les Mapuches.

Loin d’être anecdotique, le courant du romantisme est donc porteur d’une certaine conception de l’Homme qui n’a jamais été autant d’actualité. Dans une société qui baigne dans le corpus des Lumières depuis des décennies, la démarche romantique est un regard neuf pour une époque qui tourne en rond, et une dose de panache esthétique pour une période qui en a sûrement besoin

 

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