DJ Muggs the Black Goat (la chèvre noire), figure de l’aristocratie hip hop californienne, offre avec Dies Occidendum un opus qui n’aurait pas dépareillé dans la bande-son du Rosemary’s baby de Roman Polanski, un heureux mélange de rock psychédélique, de folk tzigane et de trap, la musique actuelle des ghettos. Un album qui, comme le menaçait Marcelus dans Pulp fiction, « gonna get medieval on your ass ». Les seules voix que l’on entend sur ce disque viennent de dialogues sans doute extraits d’un film fantastique des années soixante de la Hammer. On ne remerciera jamais assez celui qui a pris comme symbole un animal démoniaque de nous réveiller l’âme par la peur. En son temps, Jérôme Bosch, peignant des visions de l’enfer parvenait de la même manière à raviver la Foi par l’effroi. Cette conception du christianisme originel nous console parfois des errements mièvres post Vatican II.
Les rois de la boue
De Screaming Jay Hawkins à Black Sabbath en passant par Joe Meek, le rock a depuis toujours flirté avec les « peurs indicibles » chères à Jean Ray, l’auteur de Malpertuis. Si le label Magnetic Eye est basé à Los Angeles, ses poulains viennent de tous les coins du monde électrifié. Le Royaume-Uni pour Elephant Tree, la Suède pour Domkraft, l’Australie pour Horsehunter, et les États-Unis pour Summoner. Tous ces groupes se sont réunis un soir de novembre 2019 afin d’injecter un peu de testostérone dans le très gender fluid quartier de Brooklyn. De tous ces groupes rassemblés pour annoncer l’apocalypse, le plus convaincant reste Domkraft. [...]
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