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Éditorial d’Arthur de Watrigant : L’Empire du faux

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Publié le

3 février 2023

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« Quand la gauche cause puissance et limite, la tenaille progressiste n’est pas loin et mieux vaut se rapatrier rapido dans un bunker, ou un cimetière, avec sa section, grenades et tout. » Éditorial du numéro 61 par Arthur de Watrigant.
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Il y a quelques semaines, Le Monde, en partenariat avec les chercheurs de l’Ircam, un centre de recherche scientifique, d’innovation technologique et de création musicale fondé par Pierre Boulez, annonçait une petite révolution technologique : « L’appel du 18 juin du général de Gaulle reconstitué pour la première fois ». Comme chacun sait, il n’existe aucun enregistrement du fameux appel mais grâce à un procédé informatique qui utilise l’intelligence artificielle, appelé voice cloning, l’un des grands moments de notre histoire sera « recréé ». Je ne sais pas vous, mais l’idée m’excite autant que la création de Skynet dans Terminator. Pour nous rassurer, le quotidien nous affirme que ce projet « doit nous pousser à nous interroger sur la puissance et les limites de l’intelligence artificielle ».

Quand la gauche cause puissance et limite, la tenaille progressiste n’est pas loin et mieux vaut se rapatrier rapido dans un bunker, ou un cimetière, avec sa section, grenades et tout. On a beau chercher, on ne trouve pas le début du quart de la moitié « des fameuses limites » dans le journal de gauche qui pourtant conclut sans honte : « Si, plus de quatre-vingts ans plus tard, son contenu mérite toujours d’être entendu, c’est qu’il reste une vivante leçon de ce que peut la volonté face aux totalitarismes ». Une « vivante leçon » qu’ils disent. Non camarade, il n’y a rien de vivant là-dedans, ni de « reconstitution » d’ailleurs, mais une représentation, c’est là toute la différence. Mais vous le savez et on vous voit venir avec vos grosses pompes orthopédiques de rééducateurs.


S’il y avait beaucoup de choses à dire sur le film, la critique bifurqua unanimement avec la finesse d’un phacochère sur le sujet et non sur sa forme, à savoir les immondices de la Révolution française

Et là on ne parle que d’audio, l’image ne va pas tarder. Le discours de de Gaulle ne déplaira à personne mais la suite ? Imagine-t-on une « reconstitution » du faux procès de Louis XVI, des petits Vendéens jetés dans des fours à pain par les sbires de Robespierre, de la conférence de rédaction de Libé en 1977 qui décida de publier l’immonde tribune de soutien aux pédophiles ou du communiste Boudarel qui se découvrit des talents de tortionnaire sur des soldats français dans le camp 113 ? Ne rêvons pas. Il suffit de voir la haie d’honneur qui accueillit la sortie de Vaincre ou mourir. Le dictionnaire des synonymes du fascisme se retrouva vite à poil.

Le crime de la première production cinématographique du Puy du Fou ? Oser marcher sur les plates-bandes de la culture privatisée, souvent à nos frais, par la gauche. Et on parle d’un film, c’est-à-dire une représentation par la fiction. « À la vue de Vaincre ou mourir, on espérerait presque que l’enfer existe réellement pour y voir ses responsables prosélytes et réactionnaires y brûler avec délectation », dégueula l’un d’eux. Belle leçon de tolérance, et remarquons la force argumentative ! S’il y avait beaucoup de choses à dire sur le film, la critique bifurqua unanimement avec la finesse d’un phacochère sur le sujet et non sur sa forme, à savoir les immondices de la Révolution française. « Si les guerres de Vendée m’étaient contées avec des lunettes de chouan », ose écrire Télérama. Auraient-ils préféré « les lunettes » de Turreau, le général en chef des colonnes infernales ?

Lire aussi : Éditorial d’Arthur de Watrigant : Une année virile

S’il y a bien quelque chose que le cinéma nous a appris, c’est la puissance de l’image. C’est son génie et sa limite. C’est une illusion et donc une emprise. L’image, le son, le mouvement nous happent pour le pire ou le meilleur, au service de l’édification spirituelle ou morale mais aussi des passions humaines. Il n’y a pas meilleur médium pour inoculer de la propagande. Avec l’arrivée de l’IA conjuguée à l’histoire, la distance qu’induit l’art disparaît. L’illusion du réel, donc du vrai, n’en est que plus dangereuse.

D’une illusion à la falsification, la frontière se révèle bien poreuse. Nous pourrions convoquer Magritte et sa pipe ou François Truffaut pour nous rappeler que derrière toute création, même d’une intelligence artificielle, le spectateur se doit de chercher le sens derrière l’image, et de comprendre que la machine, toute puissante qu’elle soit, n’offrira jamais de point de vue, sinon celui des hommes embusqués derrière. Et venant des promoteurs de la théorie du genre, des envahisseurs anglais du Stade de France, des Mozart du Sahel et de la menace fasciste permanente, l’empire du faux a de beaux jours devant lui.


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