Édouard Louis publie dans la collection de son ami Lagasnerie un recueil d’entretiens avec Mary Kairidi, méditations dirigées faisant office de manifeste pour une littérature « radicale, contemporaine, lyrique et révolutionnaire. » Le camarade Louis y avoue ses postulats, assénant d’emblée que « tout est explicable », au sens que des leviers sociologiques expliqueraient tous nos goûts, nos penchants et nos destinées. Ce « tout est explicable » réduit l’individu à un pur jouet des circonstances absolument dénué d’intériorité réelle comme de libre arbitre. On ne voit donc pas dans quelle zone, à partir de là, dans quelle solitude habitée, dans quelle âme, oserais-je dire, la littérature pourrait trouver une quelconque résonance, si le lecteur n’est plus qu’un sac de conditionnements qu’on pourrait retourner en épuisant alors tout le mystère. Autre postulat : l’émotion en littérature serait suspecte en raison des préjugés bourgeois anti-peuple méprisant également le corps et l’explicite. Et le romantisme, cette grande réaction contre la cérébralité française du xviiie ? […]
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