Fleuron des colonies de l’Afrique Occidentale française (AOF), la Côte d’Ivoire a toujours été au centre de la politique française en Afrique. Mais la chute des cours du cacao et du café depuis les années 90 a plongé le pays dans une récession et des troubles politiques récurrents. La dévaluation du Franc CFA a achevé de déstabiliser un État longtemps considéré comme une petite Suisse africaine et privilégié par les expatriés français. Aux côtés des binationaux, ce sont plus de 12 000 français qui sont actuellement recensés à l’Ambassade de France, principalement à Abidjan, la « perle des lagunes » où il fait bon vivre. La Côte d’Ivoire s’est subitement invitée dans le débat présidentiel français lorsque le polémiste Éric Zemmour a débarqué en décembre 2021 à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. À grand renfort de publicité sur ses réseaux sociaux, le leader du parti Reconquête a visité le camp de l’ex 43e bataillon d'infanterie de marine (BIMA), désormais « Forces françaises en Côte d’Ivoire », présent dans le pays depuis 1978.
Une visite loin d’être anodine puisque ce régiment a été au cœur de la protection des expatriés français lors de la guerre civile et assure aujourd’hui un relais opérationnel sur une zone d’intérêt stratégique. L’ancien journaliste ne s’est donc pas trompé quand dans son communiqué de Noël, il a déclaré que ces militaires étaient à la fois « à la fois nos sentinelles, notre cuirasse et le bras armé de notre patrie » dans cette partie de l'Afrique. Si ce voyage a suscité l’incrédulité des Ivoriens qui ne prisent guère Éric Zemmour en raison de son programme anti-émigration, la communauté française s’est précipitée à sa rencontre afin de le questionner sur sa vision de la France en Afrique. Une opération de charme rondement menée et qui a porté ses fruits : Zemmour a fait un score inattendu en Côte d’Ivoire. Avec 11% des voix, il est arrivé troisième de cette élection sur les 4000 votes exprimés, devant Marine Le Pen qui n’a remporté que 7% des votes. Les voix reportées sur l’extrême droite s’élèvent donc à 18%. Du jamais vu en Côte d’Ivoire, pilier de la défunte chiraquie. La seule candidate du Rassemblement national y avait à peine recueilli 9% des voix en 2017. [...]
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