Tony Sewell aura eu droit à tous les honneurs. À peine le Rapport sur les disparités raciales et ethniques publié au Royaume-Uni, la mitraillette Twitter crépitait déjà. Le camp anti-raciste, à pied d’œuvre, s’est trouvé là où on l’attendait. Toujours dans la litote. Priyamvada Gopal, professeur d’études post-coloniales à Cambridge a comparé Sewell à Goebbels. Clive Lewis, député travailliste, a posté une photo du Ku Klux Klan. L’avocate Shola Mos-Shogbamimu, égérie woke des plateaux télé, a conspué le « Noir de service ». On a recouru aux insultes des grands jours, qualifié les dix membres de la Commis- sion de « noix de coco – marron à l’extérieur, blanc à l’intérieur ».
Le pool de cerveaux d’origines kenyane, zambienne, antillaise, jamaïcaine, pakistanaise ou nigériane, réuni par le gouvernement Johnson, parmi lesquels une astrophysicienne, une économiste, un ex-Inspecteur Général de police etc., pour la plupart décorés par la Reine pour services rendus au pays, s’est vu, en quelques clics, réduit à un cénacle frauduleux d’« agents du suprématisme blanc », un ramassis de « laquais du pouvoir ». Le maire de Londres Sadiq Khan, modèle d’intégration, fils d’un chauffeur de bus et d’une couturière pakistanais, s’est offusqué au nom des victimes du racisme structurel anglais « dont les vies sont brisées ». À l’approche des élections municipales, un peu de démagogie ne nuit pas, et puis Khan est aussi chef du rayon woke (il tweetait, le lendemain, sa fierté d’avoir alloué 5,7 millions de livres du budget de Londres au financement d’une maison de retraite LGBT).
Bref, tout le monde était au rendez-vous. Pourquoi tant d’hystérie ? Les auteurs du rapport, après huit mois d’étude, n’ont trouvé nulle preuve de racisme institutionnel au Royaume-Uni. Les inégalités existent. Elles sont de nature diverse et rarement imputables au racisme. Les facteurs géographiques et sociaux, eux, sont déterminants. Ce qui explique par exemple que les garçons Blancs des classes défavorisées (éligibles à la cantine gratuite) ne sont, au plan national, que 12,7 % à intégrer l’éducation supérieure, mais 21,7 % s’ils habitent Londres. Enfin, le document salue les succès des minorités ethniques qui constituent 16 % de la population britannique mais 23 % des récipiendaires de Bachelor à Oxford ou encore 50 % des médecins de l’hôpital public. En somme, ça va plutôt bien. Le racisme n’est pas un obstacle à la réussite.
Les auteurs du rapport, après huit mois d’étude, n’ont trouvé nulle preuve de racisme institutionnel au Royaume-Uni. Les inégalités existent. Elles sont de nature diverse et rarement imputables au racisme
Ce genre de nouvelle fait enrager les victimologues. On comprend l’ire du lobby racialiste qui voit son fonds de commerce partir en fumée et son magistère moral se ratatiner. Le rapport Sewell réfute les nouvelles théories raciales inspirées du post-modernisme : « Nous ne pouvons accepter le ton accusatoire du discours actuel sur les races », lit-on. Ou encore : « L’inflation langagière autour du racisme brouille la réflexion ». Si les opposants de Sewell l’accusent de nier le racisme, lui leur reproche de dévaluer le mot, dont la définition s’est étirée à l’infini jusqu’à abriter sous le même vocable la ségrégation raciale et les micro-agressions. (Dire à un Chinois « Vous parlez un Français parfait » est un exemple de micro-agression, une façon de le ramener à sa condition d’étranger)[...]
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