En quoi l’écrivain devenu « agent social » n’est-il pas en position de servir la littérature ?
Disons qu’il ne se facilite pas la tâche... Dès qu’un artiste entend devenir utile à une société qui ne sait plus comprendre les vertus de tout ce qui l’excède, de tout ce qui fonde la dépense au sens que Bataille donnait à ce terme (art, sacré, érotisme, rire, etc.), il perd une bonne partie de sa raison d’être.
Quelles sont les conséquences d’une situation où la littérature de qualité est exclusivement entre les mains de professeurs ?
Un inévitable appauvrissement du champ de l’expérience humaine. Je suis mal placé pour critiquer le fait que des professeurs écrivent : ils ont encore un peu de temps pour le faire, et le mérite de lire de bons livres (c’est de moins en moins vérifiable, mais bon). Seulement, ils connaissent le monde comme le connaissent les professeurs. C’est très bien, mais cela nous laisse orphelins de pas mal de choses.
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A-t-on substitué le critère moral à tout critère esthétique et pourquoi ?
Ce serait excessif de le prétendre : je caricature pour m’amuser. Il s’agit néanmoins d’un risque permanent pour l’art. Comme on est bien en mal, dans une société aussi soucieuse que la nôtre d’efficacité, de rentabilité et de responsabilité, de justifier une activité sous prétexte qu’elle aurait comme but final la beauté, on lui trouve en magasin quelques étendards plus au goût du jour. [...]
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