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En plein confinement, le milieu catholique parisien se serait bien passé de cette polémique. Le 14 avril, le conseil d’administration de Saint Jean de Passy a mis à pied son directeur, François-Xavier Clément, ainsi que le préfet des terminales, Jean Ducret.
La procédure utilisée est pour le moins inhabituelle : le 14 avril au matin, un huissier se pointe aux domiciles de François-Xavier Clément et Jean Ducret pour leur signifier leur mise à pied et récupérer tout ce qui les lie à l’établissement : ordinateur, badges d’accès et clés. Leur messagerie professionnelle est désactivée. François-Xavier Clément – qui a perdu son père André Clément, frère de Marcel Clément, le mois dernier – n’avait pas besoin de cela.
La sanction est ensuite annoncée au conseil de direction de l’école et aux parents d’élèves sous les termes les plus sibyllins. Un communiqué signé le même jour par le président du conseil d’administration de l’établissement fait état de « l’existence de pratiques managériales dysfonctionnelles portant atteinte à la santé et à la sécurité physique et psychique des collaborateurs ».
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Difficile d’en savoir plus tant la communication officielle du conseil d’administration peine à faire état d’éléments concrets pouvant justifier une sanction aussi grave en plein confinement. Dans l’entourage du chef d’établissement, certains font état d’un rapport d’audit commandé au mois de janvier dernier au cabinet AlterHego par le conseil d’administration. Le problème, c’est que personne n’a vu ce fameux rapport et ce qu’il contient, à commencer par les principaux intéressés qui seraient pourtant en droit de savoir ce qu’on leur reproche. Contacté par nos soins, le cabinet AlterHego n’a pas donné suite à notre demande.
Sanction disproportionnée
Une telle procédure aussi brutale, menée de surcroît en plein confinement sous le signe de la plus grande urgence, paraîtrait justifiée s’il s’agissait de traquer un délinquant sexuel. On lui supprime, en pareil cas, tout accès à l’établissement et on lui prend son ordinateur pour éviter qu’il détruise lui-même des moyens de preuve (photos à caractère pornographique par exemple). Or, rien de tel s’agissant de ce qui est reproché à Jean Ducret et François-Xavier Clément. Celui-ci s’est même fendu d’un communiqué pour dissiper toute équivoque. Il affirme clairement qu’il « il n’est en aucun cas question de soupçons d’agressions sexuelles ni envers les enseignants ni envers les élèves », ce que confirment d’ailleurs toutes les personnes – enseignants ou cadres de l’établissement – que nous avons pu interroger. De fait, aucune instruction judiciaire n’a été ouverte, ce qui montre qu’on est clairement dans le registre disciplinaire et non sur le plan pénal. D’ailleurs, François-Xavier Clément dit « être très serein sur les conclusions d’une telle démarche » car il estime n’avoir posé aucun acte qui justifierait « une décision aussi radicale et une procédure aussi brutale ».
François-Xavier Clément dit « être très serein sur les conclusions d’une telle démarche » car il estime n’avoir posé aucun acte qui justifierait « une décision aussi radicale et une procédure aussi brutale ».
Dans son entourage, la plupart sont abasourdis et sous le choc. Ils ne comprennent pas ce qu’on peut lui reprocher pour justifier un tel traitement. L’un d’eux, pense que le dossier est vide parce qu’il n’y a aucun personnel en arrêt maladie et que la médecine du travail n’a été saisi d’aucun cas. D’ailleurs, à aucun moment, il n’est fait état d’un quelconque harcèlement, nous signifie l’un d’eux, le mot n’étant à dessein pas utilisé. Dès lors, que recouvrent ces « pratiques managériales dysfonctionnelles portant atteinte à la santé et à la sécurité physique et psychique des collaborateurs » qu’évoque le communiqué ?
Pour beaucoup, on a voulu monter en épingle quelques incidents mineurs liés au style managérial un peu direct du chef d’établissement.
Pour beaucoup, on a voulu monter en épingle quelques incidents mineurs liés au style managérial un peu direct du chef d’établissement. Un professeur nous dit : « La première année de son entrée en fonction, François-Xavier Clément a voulu imprimer son style et a renouvelé, parfois un peu brutalement, l’équipe dirigeante qui l’entourait, se séparant de personnes compétentes. Serait-ce un retour de bâton cinq ans plus tard ? » Tous évoquent une sanction disproportionnée.
La main du directeur diocésain de l’enseignement catholique
D’autres pointent du doigt une cabale montée en interne par certains opposants au directeur, relayée de l’extérieur par des anciens personnels ayant, depuis, quitté l’établissement. Pour eux, la raison est principalement idéologique : on veut faire payer à François-Xavier Clément, outre son style direct, ses conceptions pédagogiques traditionnelles, le retour de l’uniforme au collège et une certaine indépendance d’esprit par rapport aux structures diocésaines. Tous y voient, en tout cas, la main du directeur diocésain de l’enseignement catholique à Paris, Jean-François Canteneur, membre du conseil d’administration de saint Jean de Passy, qui aurait provoqué la chute de François-Xavier Clément dont il n’appréciait pas les orientations. « Le président du conseil d’administration est une marionnette, nous dit l’un d’eux. Le vrai responsable, c’est le directeur diocésain de l’enseignement ». Contacté par nos soins, Jean-François Canteneur ne nous a pas répondu.
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Il est tout de même pour le moins troublant que les conflits se règlent ainsi dans une structure d’Église. François-Xavier Clément, qui ne souhaite pas polémiquer, se confie à nos prières, demandant l’aide du Saint-Esprit pour affronter ce qui relève selon lui, au-delà de sa personne, du bien commun éducatif et du combat spirituel.
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