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Festival du film coréen à Paris : notre sélection

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Publié le

22 décembre 2023

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Déjà présent l’année dernière, L’Incorrect s’est à nouveau rendu au festival du film coréen à Paris, qui tenait sa dix-huitième édition au début de mois de novembre. Au programme de cet article, une sélection de six films qui ont retenu notre attention, dont les deux avant-premières du FFCP.
© Festival du film coréen à Paris 2023

Ransomed (2h12) de Kim Seong-hun, avec Ha Jung-woo, Ju Ji-hoon, Kim Jong-soo.

1987, Liban : tandis que la guerre fait rage, un membre du ministère des affaires étrangères sud-coréen est kidnappé par une milice. Un de ses collègues est alors envoyé sur place en mission non-officielle pour payer la rançon et libérer l’homme. Sans le soutien des services secrets, en conflit avec le ministère, le diplomate doit naviguer dans un environnement chaotique, où il fait la rencontre d’un compatriote, chauffeur de taxi à l’attitude ambiguë. Très vite, la situation dégénère et une course poursuite s’entame à travers tout le pays. Tiré d’une histoire vraie qui ne sera déclassifiée qu’en 2047, le métrage séduit par son équilibre parfait entre scènes d’action et d’humour, rappelant le meilleur du cinéma coréen, qui sait si bien mélanger les genres. Entre thriller d’espionnage haletant et buddy movie aux gags qui font mouche, Ransomed confirme après un Tunnel déjà excellent en 2016 tout le savoir-faire de Kim Seong-hun derrière une caméra.


Honeysweet (1h58) de Lee Han, avec Yoo Hae-jin, Kim Hee-seon, Cha In-pyo.

Chi-ho, vieux garçon socialement inapte, mène une vie réglée à la minute près, jusqu’au jour où son entreprise le force à prendre des congés. Désœuvré, l’homme fait alors la rencontre inopinée d’Il-young, mère célibataire pleine d’entrain. Tandis que tout les oppose, naît entre eux une relation amoureuse qui devra bientôt faire face à l’hostilité de leurs proches et à la maladresse du célibataire. Assumant parfaitement son statut de comédie romantique naïve et candide, le métrage de Lee Han charme par sa bonne humeur communicative et ses gags réussis, pour peu qu’on apprécie le burlesque coréen, ici servis par un Yoo Hae-jin en grande forme. Alors qu’il aurait pu choisir un ton misérabiliste pour aborder son héros handicapé, le film préfère traiter ses personnages avec tendresse et humour, sans moraline ni cynisme. Toujours optimiste, Honeysweet fut la douce friandise d’un festival tenu sous la pluie d’automne.

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The Dream Songs (1h58) de Cho Hyun-chul, avec Park Hye-su, Kim Si-eun, Lee Do-eun.

À la veille d’une sortie scolaire pour l’île de Jeju, Ha-eun a le pied dans le plâtre tandis que son amie Se-mi tente de la convaincre de participer au voyage malgré son état. Les deux étudiantes vont alors passer leur dernière journée ensemble avant l’excursion. Faisant dès le début référence au naufrage du Sewol qui fit 306 morts dont 250 lycéens en 2014, The Dream Songs offre un hommage sobre et subtil aux victimes de la tragédie par sa photographie onirique et sa bande-son éthérée. Film sur l’adolescence, ses flâneries, ses amitiés et, 2023 oblige, ses amours homosexuels, le premier long-métrage de Cho Hyun-chul convainc par la tension dramatique qu’il invoque, entre ses personnages qui ignorent tout de leur destin funeste et un public égrenant les minutes avant le fatal départ. Toujours intimiste, le film se révèle dans ses dernières scènes, d’une insoutenable tristesse. Aussi lumineux que terrible, The Dream Songs frappe en plein cœur.


Unidentified (1h20) de Jude Chun, avec Jang Sun, Kim Hyo-in, Jeon Ho-hyun.

1993, des OVNI sphériques apparaissent au dessus de toutes les grandes villes du monde. 29 ans plus tard, les vaisseaux continuent de planer indifféremment dans les cieux sans rien révéler de leur mystère. Tandis que le reste de l’humanité poursuit son existence, certains, aux rêves étranges, déclarent descendre de ces extraterrestres. Film sans intrigue, Unidentified n’en dira jamais plus que ce pitch, adoptant pour forme narrative un enchaînement de scénettes sur le quotidien des Séoulites, d’un employé de bureau aux membres d’une secte, entrecoupées d’interviews d’individus se prenant pour des aliens. Expérimental, voire abscons, le premier long-métrage de Jude Chun offre de simples et belles tranches de vie, toujours poétiques et humanistes, accompagnées de très jolies scènes de danse, pour peu que qu’on accepte de rentrer dans sa douce ambiance étrange. Préférant le prosaïque à la grandiloquence et les questions aux réponses, Unidentified porte bien son nom.


AVANT-PREMIÈRES :

Greenhouse (1h40) de Lee Sol-hui, avec Kim Seo-hyung, Yang Jae-sung, Won Mi-won, en salles le 3 janvier 2024.

Souffrant de troubles psychologiques et mère célibataire vivant dans l’extrême pauvreté, Moon-jung est assistante à domicile pour un couple de vieillards, dont le mari est aveugle et l’épouse démente. Lorsqu’un drame la mettant en péril survient, l’auxiliaire de vie n’a d’autre choix que de prendre une décision radicale, aux conséquences insoupçonnées sur son existence et celle de ses proches. Inexorablement, la spirale du chaos démarre. Drame sombre et social inspiré de Parasite et de Burning, Greenhouse séduit à l’origine par sa dureté glaciale et son premier tournant scénaristique, qui promet une intrigue captivante. La fin du métrage glisse malheureusement dans une sordidité gratuite qui déséquilibre un récit pourtant bien tenu jusque là. Si certains aimeront peut-être ce parti pris radical, plus proche de l’accélération brutale que du crescendo maîtrisé, force est de constater qu’il nous a personnellement sorti du film. Dommage !

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Concrete Utopia (2h18) de Um Tae-hwa, avec Lee Byung-hun, Park Seo-joon, Park Bo-young, prochainement en salles.

Un cataclysme détruit Séoul en un instant, à l’exception d’une seule et unique tour d’habitation, obligeant ses résidents à s’organiser face à l’afflux de sans-abris et au manque de ressources. Très vite, un chef charismatique émerge et dirige la communauté tandis que ses décisions radicales installent progressivement un climat de défiance, entre partisans et adversaires. Film au cadre original, Concrete Utopia se sert de ce dernier pour dénoncer le régime nord-coréen mais aussi un prétendu « repli xénophobe » à l’aide d’un symbolisme grossier. Malgré sa morale facile, le métrage offre un divertissement appliqué avec ses superbes décors post-apocalyptiques, une tension permanente et un Lee Byung-hun habité, en leader au bord de la folie. Rappelant Snowpiercer, où un train servait de métaphore à la lutte des classes, Concrete Utopia, également adapté d’une bande-dessinée, représentera son pays pour le meilleur film étranger aux prochains Oscars.

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