Pour commencer, il convient de rappeler à quel point la « liberté » n’a jamais été garantie par l’appareil démocratique : si elle figure bien au panthéon de nos valeurs et constitue une sorte d’horizon indépassable du fantasme républicain, rien ne la justifie légalement ou juridiquement dans l’exercice de nos démocraties modernes. Comme le rappelle Castoriadis, nous appartenons toujours à un ensemble plus grand qui en contient un autre, et cette hiérarchisation constitue la toile de fond même de l’entreprise démocratique, la liberté n’étant jamais que le contrepoint fantasmatique, presque névrotique, de cette imbrication sans fin du citoyen dans un système qui le dépasse.
Le pouvoir à l’état gazeux
Nous sommes précisément rendus à ce point où la technologie est devenue suffisamment politique, et le politique suffisamment technique, pour qu’au croisement des deux s’infléchisse ce que Foucault appelait notre « champ d’action éventuel ». Il devient difficile aujourd’hui de discerner ce qui relève du technique et ce qui relève du champ politique tant la démocratie contemporaine semble précisément se situer à l’intersection parfaite des deux. Le trône vide, source de tous les fantasmes complotistes, a ringardisé la question du « je » dans l’exercice du pouvoir : qui décide ? Qui exerce sa volonté réelle au cœur du processus décisionnel ? Y a-t-il encore des acteurs du pouvoir ? [...]
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