Contre les assauts du progressisme qui partout s’autoriserait, si l’on n’osait plus hausser la voix, à imposer un ordre uniforme, réputé supérieur en tout temps et en tous lieux car conforme à l’idée fallacieuse qu’il se fait de l’homme ; contre aussi les vilaines tentations populistes de la droite qui, à juste titre écœurée par le gouvernement des juges et le droit supranational, fantasme un peuple tout beau tout propre (comme si ce n’était pas la démocratie qui nous avait mis là où on en est) au point de proclamer, par la logique référendaire, qu’il aurait toujours raison, il est plus que temps de retrouver une conception conservatrice du droit, fondé sur la lente pulsation des siècles.
Le grand juriste allemand Friedrich Carl Von Savigny (1779-1861) est à cet égard une source salutaire. Né de la vieille noblesse d’Empire, lointain descendant de huguenots lorrains, Savigny connaît une enfance des plus tragiques : il est orphelin dès 1792 et seul survivant de treize frères et sœurs. Brillant étudiant de droit, il devient professeur en 1801 et fréquente les cercles romantiques (il épousera la sœur de Clemens Brentano), véritable communauté de pensée dont il incarnera le versant juridique. S’ensuit une série de voyages en Europe où il amasse des notes en tout genre, puis une majestueuse carrière d’universitaire à Berlin, de conseiller d’État et de ministre au service du roi prussien Frédéric-Guillaume IV. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !