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Funérailles capétiennes

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Publié le

4 février 2019

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À Dreux, la famille d’Orléans, accompagnée de nombreuses personnalités et du gotha européen, a rendu un dernier hommage au comte de Paris. Récit d’une journée particulière pour des centaines de militants royalistes venus saluer le descendant des rois de France.

 

Chapelle royale, le 2 février. Un vent glacial balaye les allées du château de Dreux qui surplombe la ville. Depuis midi, les journalistes se pressent devant la grille alors que sympathisants et nostalgiques de la monarchie arrivent pour assister aux funérailles royales. Le 21 janvier dernier, alors que les royalistes commémoraient la mort du roi Louis XVI, le comte de Paris Henri d’Orléans est décédé à l’âge de 85 ans.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon: Nos mirages

 

Le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, est à la manœuvre. Le neveu du comte de Paris plaisante avec les journalistes accrédités pour l’événement, se laisse prendre en photo, entre et sort de la chapelle au pas de charge, gère tout le protocole. Diverses maisons royales d’Europe ont été invitées afin de rendre un ultime hommage à un prince qui aura incarné l’héritage capétien reçu, il y a 20 ans de cela, des mains de son père. Le matin même, le prince Jean d’Orléans a fait publier un communiqué annonçant qu’il relevait le titre de comte de Paris, objet de spéculations depuis quelques jours sur les réseaux sociaux et d’une guerre d’édition sur Wikipédia.

 

 

L’Action française a déployé son service d’ordre afin d’accueillir au mieux le public et le diriger vers la grande tente aménagée pour l’occasion devant la porte d’entrée de la chapelle, ornée d’un voile violet et des armes de la maison de France. Les flashs crépitent, les journalistes alpaguent les princes et princesses, membres de l’aristocratie, qui pressent le pas pour rejoindre les sièges qui leur ont été attribués au sein de la chapelle.

Le cercueil du prince Henri repose au centre de la nef, avec ses décorations militaires dont la légion d’honneur. La présence du prince héritier Moulay Hassan du Maroc provoque une certaine frénésie de la part des personnes installées sous la tente. Chacun tente de le prendre en photo. Le jeune homme est droit dans son costume blanc, le regard solennel, entouré de l’ambassadeur et des officiers chargés de sa sécurité. Le prince Jean d’Orléans est à ses côtés. Ces deux familles royales ont maintenu des liens constants depuis que la maison de France avait été contrainte à l’exil, en 1886.

 

© Frédéric de Natal pour L’Incorrect

 

Stéphane Bern et Action Française

« C’est une page de l’histoire de France qui se tourne » dit l’animateur Stéphane Bern à un journaliste de l’AFP présent avant de s’engouffrer dans la chapelle, entourée de gerbes de fleurs venues des quatre coins de France et d’Europe, rejoignant ainsi l’historien Philippe Delorme, ami personnel du comte de Paris. Corentin, 24 ans, fleur de lys sur le manteau, nous explique ce qu’il garde comme souvenir du comte de Paris : « un prince modeste et discret, fin et cultivé ».

Ce Mayennais de naissance, royaliste convaincu, renchérit avec émotion : « Il était très humain et d’une gentillesse inépuisable. Il était chaque fois agréable et enrichissant d’échanger avec lui. Toujours soucieux aux attentes des Français qui lui parvenaient, il n’hésitait pas à y réfléchir et à trouver des paroles porteuses d’espérance. Même s’il révélait une analyse pessimiste, il lui arrivait parfois de l’exprimer avec une note d’humour. Son constant souci du bien de la France, sa foi profonde mais aussi son âme d’artiste semblaient le guider. Sa présence était pour moi rassurante et m’inspirait un profond respect ». Avant de conclure : « en un mot, il était un digne successeur de nos rois ».

 

Lire aussi : Pour le peuple et pour le Roi ! Des royalistes sur les barricades

 

Guillaume, 24 ans, militant de la Nouvelle action royaliste, dont la délégation dirigée par Bertrand Renouvin  était importante, nous donne un autre point de vue. « Je garde de lui un souvenir ambigu. Un homme à la fois simple, gentil et soucieux de ses concitoyens, mais aussi peut-être trop éloigné des réalités sur les dernières années de sa vie, sans doute à cause de son côté mystique et l’ombre de son père qui l’aura considérablement bloqué. Je reconnais quand même qu’il m’a surpris en donnant son soutien indéfectible aux Gilets jaunes ». La personnalité du comte de Paris divisait ses partisans et « l’avènement » de son fils a été accueilli avec beaucoup d’attente et d’espoirs de la part des royalistes qui soutiennent la maison d’Orléans.

 

De tous royaumes

L’impératrice Farah Diba sous une mantille noire précède le prince Emmanuel–Philibert de Savoie, le Grand-duc Georges Romanov,  les princes Sixte-Henri et Charles-Xavier de Bourbon-Parme, le prince Charles de Bourbon-Sicile et sa famille, le prince Leka d’Albanie, le prince Albert II de Monaco, les archiducs Karl et Georg de Habsbourg-Lorraine, et la reine Sofia d’Espagne. D’autres maisons souveraines se sont aussi faites représenter comme le royaume  de Belgique, la principauté du Liechtenstein ou encore le Grand-duché du Luxembourg.

 

 

La république n’est pas en reste. Le sénateur d’Eure-et-Loir Albéric de Montgolfier, Olivier Marleix, député de Dreux ou encore le maire de la ville, Gérard Hamel sont présents. Le secrétaire perpétuel de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse, est aussi venue. La messe peut alors débuter, présidée par Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus et Toulon.

 

L’hommage d’un peuple

Dans son homélie, le prélat rappelle l’importance de la maison de Bourbon en Europe. « Les princes de sang capétien régnaient quand tous les rois de l’Europe actuelle n’étaient pas encore souverains » aimait à dire Henri d’Orléans.  Tour à tour, les sœurs et frère du défunt prétendant au trône prennent la parole, étreints par l’émotion. Car avant d’être le « roi de France, septième du nom », Henri d’Orléans était aussi l’enfant d’une fratrie importante et le père de 5 enfants.

 

On refait l’histoire, on s’émerveille devant la beauté des tombeaux en attendant de signer le livre hommage. Toutes les générations sont représentées, de 7 à 77 ans.

 

Devant son cercueil, la duchesse de Montpensier, Marie-Thérèse de Wurtemberg et sa fille, la princesse Blanche. Les mains jointes vers le ciel, la mère des princes Jean, Eudes et Marie d’Orléans prie pour le repos d’un homme dont elle aura partagé la vie. Un mariage alors chaleureusement félicité par le Général de Gaulle mais qui connut des blessures. Le temps semble figé. À l’extérieur, le public participe à la messe, communiant avec la maison de France, résistant tant bien que mal au froid qui a pénétré sous la tente, avant que retentissent les derniers chants qui clôturent une cérémonie sobre et empreinte d’un caractère royal.

Dans la crypte, plus de 900 personnes sont venues dire dernier adieu au prince Henri. Chacun patiente en observant les différents gisants qui s’offrent à eux, témoins de la monarchie de Juillet dont les Orléans sont aujourd’hui les héritiers. On refait l’histoire, on s’émerveille devant la beauté des tombeaux en attendant de signer le livre hommage. Toutes les générations sont représentées, de 7 à 77 ans. Un jeune homme d’une dizaine d’années porte fièrement un brassard bleu orné d’une fleur de Lys jaune. La relève est assurée, le royalisme français a encore de beaux jours devant lui.

 

© Frédéric de Natal pour L’Incorrect

 

Le prince Jean d’Orléans, la duchesse de Montpensier, Eudes d’Angoulême et la princesse Marie du Liechtenstein sont alignés afin de recevoir les nombreuses condoléances du public, chaque personne s’attardant pour assurer de sa fidélité au nouveau chef de la maison royale de France. Pour Julien et Quentin, deux jeunes militants du Groupe d’action royaliste, il est assurément « Jean IV, le prince de l’avenir », convaincus qu’il est l’alternative à la crise sociale et politique que traverse le pays.

Dehors, la trentaine de militants de l’Action française s’affairent à réchauffer les invités alors que la nuit commence à tomber. Petits pains, vin chaud, café, thé ou boissons froides en main, chacun y va de son anecdote sur le comte de Paris avant de reprendre la route. Loin des tumultes parisiens de la journée, l’Europe des monarchies et la république, royalistes et anonymes sont venus s’incliner une dernière fois devant le cercueil d’un capétien, héritier du royaume de France.

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