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Nos mirages

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Publié le

2 février 2019

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On ne saurait se lasser de méditer cette phrase que l’anglais Chesterton nous appliqua un jour: « Ce peuple a une tendance naturelle à se sentir à la veille de quelque chose – la Saint-Barthélemy, la Révolution, la Commune ou le Jour du Jugement. C’est ce sens de la crise qui rend la France éternellement jeune ».

 

Elle est drôle, flatteuse et juste. Elle laisse cependant présager que si nous avons l’honneur de maintenir le monde à température, ainsi de nos Gilets jaunes qui essaiment dans toute l’Europe, nous n’aurions pas l’intention de trouver une solution aux crises qui nous traversent, éternels adolescents que nous serions. Et pourtant, il le faudra bien, perclus comme nous sommes de maladies et de menaces.

 

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Cette verte jeunesse française ne pourra durer toujours. Le romantisme de nos manifestations, hier contre le mariage pour tous de Hollande et de Taubira, aujourd’hui contre la politique générale de Macron, ce romantisme ne saurait masquer longtemps l’absence de réponse construite des oppositions constituées.

Si les exemples extérieurs abondent, qui laissent entrevoir qu’une autre politique serait possible, ils sont cependant ou trop éloignés de nos moeurs propres ou trop loin d’avoir donné la preuve de leur efficience.

Imagine-t-on ainsi un ministre de l’Intérieur français en bras de chemise avec une gourmette rouge en plastique au poignet – révérence gardée à Matteo Salvini? Imagine-t-on le général de Gaulle coiffé d’une casquette, rouge encore, à visière ? Quelles que soient les vertus des Trump, Poutine, Bolsonaro, Salvini dans leur ordre, il est plus qu’évident que ni leurs personnalités ni leurs brutales politiques ne sont décalcables en France, ce vieux pays courtois et bien élevé d’un vieux continent.

 

 

Et c’est tant mieux. Par ailleurs, les soubresauts sans fin du Brexit outre-manche, dont l’on ne voie guère pour le moment comment il pourrait être appliqué ; par ailleurs les manifestations qui secouent la Hongrie d’Orban après sa loi sur le travail dite « esclavagiste » par ses détracteurs; par ailleurs tout cela qui se déroule dans des pays dont les coutumes politiques paraissent pourtant proches des nôtres ne laisse pas augurer de faciles lendemains pour le conservativo-populisme, si l’on ose ce barbarisme.

Les européennes qui se profilent devraient ainsi confirmer que les élections se feront bloc grossier contre bloc grossier, nouveau monde contre enracinement, sans que ni l’un ni l’autre de ces mastodontes ne puisse justifier de quelque contenu positif que ce soit. Opposer à la startup nation la France des ronds-points, très bien. Mais les ronds-points, signal de détresse d’un peuple qui se noie, n’ont jamais fait une politique.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon du dossier islam : Face à face

 

Entendre la colère d’un peuple, fort bien : mais qu’en faire, et comment traduire ses mots? Comment, encore une fois, élever ces passions instinctives et les transmuer en un projet de civilisation? Il n’est pas sûr que qui que ce soit parmi nos représentants possède la réponse. Est-ce leur faute ? Plutôt que leur machiavélisme, c’est leur paresse intellectuelle qu’il faudrait accuser, paresse qui est un signe de ce temps, la chose la mieux partagée, où l’on croit que le train de la technique et de l’histoire nous mènera forcément à bon port, sans que nous ayons à faire l’exercice de notre volonté dans le cadre de la communauté.

 

Le conservatisme comme le populisme sont aujourd’hui en France des enveloppes vides qui attendent toujours qu’une vraie politique vienne les remplir

 

Ironie du temps encore, que la recherche effrénée de la liberté individuelle ait accouché de sociétés si obéissantes, si anesthésiées qu’elles ne rêvent plus à une destinée supérieure, à une autre forme politique qui nous ferait grandir.

Il est cruel de le constater, mais l’examen de soi-même est toujours profitable : le conservatisme comme le populisme sont aujourd’hui en France des enveloppes vides, séduisantes par de nombreux aspects, mais qui attendent toujours qu’une vraie politique vienne les remplir.

Une politique qui ne soit pas seulement un doux et jeune visage, masculin ou féminin; qui soit réellement une proposition de salut .[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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