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Grégoire de Fournas et Carlos Bilongo : l’immigration, tabou des tabous

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Publié le

8 novembre 2022

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De quoi Grégoire de Fournas est-il le nom sinon celui d’une polémique savamment orchestrée par La France insoumise ? Une échauffourée assez commune à l’Assemblée nationale a tourné au scandale international après que La France insoumise s’en empare, fustigeant l’hypothétique « racisme » du député de Gironde RN Grégoire de Fournas. Retour sur une complexe affaire qui pourrait avoir des conséquences inattendues pour la majorité et une partie des Républicains.
Fournas

Député France Insoumise de la huitième circonscription du Val-d’Oise, le trentenaire Carlos Martens Bilongo était jusqu’alors peu connu du grand public. Jeudi 3 novembre 2022, il interpellait le gouvernement à propos du bateau mis à disposition de l’association SOS Méditerranée et battant pavillon norvégien répondant au nom d’Ocean Viking, à l’origine du sauvetage de 234 candidats à l’exil vers l’Europe : « L’Océan Viking a adressé aujourd’hui sa 7ème demande d’assistance aux autorités maritimes italiennes pour la désignation d’un lieu de débarquement sûr. Malte, tout aussi proche, n’a tout simplement pas répondu aux trois demandes qui lui ont été adressées ». C’est durant cette intervention que son homologue du Rassemblement national a lancé la phrase objet de toutes les attentions de la sphère médiatique depuis environ une semaine : « Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique ».

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De l’avis général, Grégoire de Fournas faisait référence aux migrants se trouvant à bord de l’Ocean Viking et non à monsieur Bilongo lui-même. Mais, comme à son habitude, La France insoumise a hurlé au racisme visant le député Bilongo, né en France de parents originaires du Congo et d’Angola. Il y a d’ailleurs eu une manipulation immédiate qui a semé la confusion, puisque les représentants de La France insoumise ont laissé entendre que la phrase prononcée par Grégoire de Fournas était « Retourne en Afrique ! », dont le sens est différent puisque si cette phrase avait été prononcée sans l’emploi du pronom relatif « que », elle aurait évidemment été destinée au député Bilongo et non aux sujets de son intervention.

De quoi lancer la machine médiatique devenue folle, soumise à l’émotion du moment et à la tyrannie de la réaction. Ainsi, le supposément droitier Éric Ciotti s’est-il empressé d’y aller de son petit commentaire sur Twitter : « Je condamne avec fermeté les propos d’une extrême gravité tenus aujourd’hui par un député au sein de l’hémicycle de notre assemblée. Scandaleux de la part d’un représentant de la République ». Un propos qu’un examen minutieux des faits n’a pas changé, puisque le candidat à la présidence des Républicains a maintenu ces jours-ci que s’il y avait débat quant à la nature de ce qu’avait dit Grégoire de Fournas, tout « soupçon de racisme » devait être le plus sévèrement sanctionné.

En criminalisant une interjection, l’Assemblée nationale a ouvert la boîte de Pandore et donné un argument massue pour les prochaines années à l’opposition d’extrême-gauche

Gageons qu’Éric Ciotti saura se conformer à cette discipline républicaine le jour où il proposera une plus grande sévérité dans la lutte contre l’immigration irrégulière et que les députés de la France insoumise tenteront de l’exécuter à son tour. Car, c’est bien ce qui se joue présentement. En criminalisant une interjection que d’aucuns pourraient trouver maladroite dans la forme, mais qui entre strictement dans le cadre d’un débat d’idées acceptable dans une démocratie, l’Assemblée nationale a ouvert la boîte de Pandore et donné un argument massue pour les prochaines années à l’opposition d’extrême-gauche.

Dès le lendemain, le bureau de l’Assemblée qui est la plus haute instance collégiale se réunissait pour prononcer une « censure avec exclusion temporaire » contre Grégoire de Fournas, soit la sanction la plus sévère. Pis, le ministre Gérald Darmanin demandait quant à lui la démission du député ! Preuve est donnée que l’immigration est le tabou des tabous de notre société. De fait, vouloir s’en prémunir aujourd’hui revient à reconnaître en creux l’échec 40 ans de politique migratoire et de désintégration du corps social national. Le sujet est donc insupportable pour beaucoup, sortant du champ de la rationalité. Il y a d’ailleurs un deuxième volet encore plus tabou ; l’immigration africaine. Jean-Luc Mélenchon s’est par le passé montré beaucoup plus offensif avec le « plombier polonais » ou les Tchétchènes. Y aurait-il eu pareil scandale si un député avait dit des travailleurs saisonniers portugais qu’ils avaient à « retourner au Portugal » ? Ce non-dit bien français, d’une totale hypocrisie, ne rend d’ailleurs pas service aux concernés.

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Symptomatique de la crise identitaire que traverse la France, l’échange entre Grégoire de Fournas et Carlos Martens Bilongo dévoile une société crispée, soumise à la peur. Faites l’expérience, il est impossible d’avoir une discussion normale et apaisée sur l’immigration. Trois profils de Français existent face à ce sujet. Ceux qui l’évitent absolument, se taisent et se terrent, n’en disent rien. Ceux qui vantent le phénomène et hystérisent la question, invoquant le racisme à la moindre critique. Et enfin, ceux qui par réaction multiplient les outrances et ne peuvent s’empêcher de tenir des propos orduriers qui donnent aux hystériques la possibilité de les disqualifier auprès des trouillards.

Les questions de fond de ce débat étaient pourtant simples, connues depuis des années : devons-nous accepter le chantage de SOS Méditerranée et des mafias de passeurs ? Pouvons-nous tolérer plus d’immigration clandestine ? Avons-nous le droit souverain de décider qui entre sur notre sol ? L’asile est-il un droit-créance destiné à des ressortissants de pays entiers ou une faveur accordée à titre individuel ? Souhaitons bon courage à Gérald Darmanin pour demander l’application des OQTF. La France insoumise et l’extrême-gauche ont encore préempté le terrain de la morale. Ils sont pourtant les coupables de ce que nous vivons.

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