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Un Australien décérébré mais se croyant avisé visite Paris et y aperçoit des immigrés: aussitôt, il venge on ne sait quelle blessure culturelle par un carnage dans des mosquées de Nouvelle-Zélande. En retour, l’État islamique et ses affidés massacrent au matin de Pâques des centaines de chrétiens sri-lankais. Un journaliste suisse l’avait remarqué au lendemain des attentats du 13 novembre en France : nous sommes entrés dans « une guerre civile mondiale de basse intensité ».
Décidément, la mondialisation ce n’est pas du tout Érasmus, monsieur Attali, ou n’importe quelle promenade de santé : c’est, dans l’abolition technique des frontières, la généralisation de la violence et donc cette fameuse guerre de tous contre tous que redoutait tant Hobbes. Une violence dont on sait qu’elle est particulièrement le fruit de l’islam devenu fou, mais dont il ne faudrait pas que par mimétisme elle contamine la terre entière.
Le christianisme, et partant la civilisation occidentale, quoi qu’on puisse lui reprocher, avaient doucement diffusé durant 2 000 ans cette idée folle que la violence n’était pas le dernier mot politique ; qu’on pouvait la désamorcer; et que c’était quand on était faible qu’on était fort, selon la parole de S. Paul. Bien entendu, l’application de cette « morale de faibles » avait toujours été disparate, intermittente, contradictoire ; bien entendu, essayer la suture entre un pouvoir temporel nécessairement armé et un pouvoir spirituel surnaturellement désarmant avait toujours engendré des pataquès sans nom.
Mais pour le fond, la petite musique chrétienne avait toujours résonné comme la voix d’une conscience supérieure et sinon atteignable, au moins désirable. La dissolution interne de l’occident contemporain, couplée à l’expansion hystérique du monde musulman et aux menaces neuves de grands empires sans foi ni loi, comme le chinois ou l’indien, n’est pas loin de mettre à bas cette lente moralisation de nos systèmes politiques. Les démocraties européennes paraissent plus affaiblies que jamais, ayant engendré leur propre germe de destruction: leur amour de la victime a été vicieusement retourné contre elles.
Elles sont les éternelles coupables on ne sait plus de quels crimes, mais par principe, et les populations qu’elles ont accueillies ou qu’elles ont déséduquées n’ont gardé paradoxalement de ce dévoilement du crime que l’art de l’invective et de l’accusation. Mais, heureusement, encore une fois, où le désespoir abonde le miracle aussi surabonde. L’incendie de Notre-Dame – qui n’aura jamais été aussi notre qu’en cet instant, qui n’aura jamais autant été la dame, celle qui nous veille, celle qui nous protège – cet incendie nous aura, réveillant les sentiments peut-être les plus enfantins de nos coeurs, rappelé que tout en nous n’était pas mort; que ce feu de notre jeunesse peut encore maintenir le monde à température.
Ce n’est pas le réchauffement qui menace notre monde : bien plutôt le refroidissement de nos âmes, gelées dans une banquise spirituelle.
Car contrairement à ce que croit la pauvre petite fille suédoise que des aigrefins promènent sur toutes les places publiques, ce n’est pas le réchauffement qui menace notre monde : bien plutôt le refroidissement de nos âmes, gelées dans une banquise spirituelle. Une guerre civile générale plus froide encore que la précédente : nous risquons à chaque instant de nous habituer à nous haïr; nous risquons à chaque instant de considérer cette guerre continue comme le nouveau rythme de nos saisons.
Cette fois-ci encore, c’est certainement en occident que se jouera le sort du monde : d’ici que pourra venir la force de briser le cercle de la violence mimétique, en réaffirmant d’abord notre fond et notre identité, non pour les opposer bêtement au reste du monde, mais pour que brûlant nous éclairions ce monde.
Jacques de Guillebon
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