Il n’est pas facile de résumer brièvement le parcours politique de cet homme : il a adhéré au Front National de la Jeunesse en 1996, avant de suivre Bruno Mégret dans sa scission. Puis il a été le porte-parole de Philippe de Villiers en 2007. Mais déjà il se déclarait « plus proche des déclarations d’un Manuel Valls que des projets d’un Nicolas Sarkozy » sur le sujet de la laïcité. Ce qui laissait présager de son éloignement du candidat conservateur mais pas de son ralliement à Nicolas Sarkozy en 2009. En 2017, il est élu député LR et annonce soutenir Xavier Bertrand en vue de l’élection présidentielle de 2022, défendant l’idée selon laquelle Les Républicains devrait se recentrer pour ne pas devenir « un petit parti conservateur », tout en déclarant porter les mêmes convictions que Robert Ménard. Et pour une fois, il y a une cohérence, puisque c’est par l’intermédiaire de ce dernier que le vice-président des LR est allé proposer ses services à l’éditorialiste, selon nos informations. Des services qui se traduiraient entre autres par « une cartographie électorale et des décryptages d’enquête d’opinion », nous confie-t-on. « Je connais très bien ce sujet » aurait-il dit à Eric Zemmour. « C’est ce qu’il aime et ça rapporte » nous confie un élu Les Républicains. En effet du temps où l’UMP existait encore, Peltier via sa société Com1+ s’était spécialisé dans le business rentable du mélange des genres : professionnel et politique. Un business risqué qui lui valut une perquisition à son domicile de Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher) en 2014 dans le cadre d’une enquête pour délit de favoritisme et prise illégale d’intérêts présumés.
Cette tentative de rapprochement renforce en tout cas la crédibilité de l’hypothèse Zemmour et prouve la capacité de ce dernier à rassembler au delà de l’extrême droite classique. Marine le Pen a donc raison de s’inquiéter puisque c’est bien cet électorat qu’elle vise, profitant de la décomposition des Républicains. Elle qui croyait il y a peu pouvoir s’attirer les services de Nadine Morano ou Éric Ciotti voit la tâche se compliquer. Mais Guillaume Peltier est-il un gage de crédibilité pour Zemmour ? Pas sûr.
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Et si ce dernier envisage de recréer une droite digne de ce nom, Guillaume Peltier n’est pas non plus un gage de conservatisme, lui qui dit aussi ne pas vouloir représenter « la droite qui se bat contre l’avortement ».
Si Éric Zemmour peut se vanter d’être prophète en son pays, du côté de Guillaume Peltier, il a fallu attendre février et juin 2021 pour l’entendre à nouveau appeler à « une politique nouvelle sur l’immigration » et affirmer qu’« aujourd’hui l’immigration n’est plus une chance en France ». Il avait préféré, depuis son arrivée à l’UMP, mettre en place une politique centrée sur les thématiques sociales et environnementales. Les deux hommes ne s’étaient-ils pas affrontés sur ce sujet en avril 2018 ? Eric Zemmour l’avait alors qualifié de « sous Sarkozy », ciblant la dichotomie entre un « pseudo discours pour séduire l’électorat populaire » et une politique concrètement à gauche.
« Si jamais j’oublie (…) si un jour je fuis, rappelle-moi qui je suis », disait Zaz qu’il aime tant à citer.