Vivre dans l’urgence, c’est ce à quoi s’emploie Hans Ulrich Obrist, « HUO » dans le milieu de l’art contemporain dont il est l’une des figures phares depuis plus de vingt ans. D’avoir frôlé la mort à six ans l’aurait projeté dans cette frénésie de découvertes, de voyages, de rencontres, qui l’emporte à tout juste seize ans, après une enfance en Suisse alémanique, près du lac de Constance et de deux frontières. Une soif de rencontres permanente, une accoutumance aux trains de nuit, une audace à toute épreuve, permettront à ce jeune homme aussi ambitieux que précoce, de se faire très rapidement un nom dans le milieu de l’art contemporain. Dès qu’un artiste le séduit ou l’interpelle, il lui passe un coup de téléphone et débarque dans son atelier. Fischli & Weiss, Boetti, Boltanski, le mettent aussitôt sur la voie et depuis, il n’a cessé de multiplier les visites et les entretiens à un rythme ahurissant. Après une première exposition dans sa cuisine, il poursuit son Grand Tour improvisé de l’Europe qui prend l’ampleur d’un tourbillon permanent, avec, comme seule formation concrète, quelques révélations devenues des mantras : le concept de « mondialité » d’Édouard Glissant, le choix de l’archipellisation plutôt que le centralisme hégémonique, le défi de toujours changer les règles pour lui comme pour les artistes, le refus de toute frontière, y compris entre les disciplines. Après avoir été conservateur au Musée d’Art moderne de la ville de Paris, Obrist règne sur les Serpentine Galleries à Londres, conseille la fondation LUMA à Arles, et est considéré comme l’une des personnalités les plus influentes de son domaine.
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