« Au-delà de l’émotion sur le sort des personnes, l’accueil en France de l’Océan Viking marque un tournant dans la politique d’immigration en France. Lorsqu’en 2018 avait été envisagée la création d’un hot spot à Toulon, je m’y étais opposé de toutes mes forces et avais démissionné », a déclaré Gérard Collomb dans un tweet qui n’est pas passé inaperçu. L’ancien socialiste est-il plus à droite que Gérald Darmanin sur le sujet de l’immigration ? Il est en tout cas plus pragmatique. Depuis son court séjour au ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb ne cesse d’alerter et d’interpeller les responsables politiques. Il en sait trop. Il en a trop vu.
Lui-même fut d’ailleurs victime de sa propre majorité en 2018. Après des mois à nous faire miroiter un projet de loi musclé, largement inspiré des politiques intelligentes de la social- démocratie danoise en la matière, le ministère de l’Intérieur avait fini par céder à l’aile gauche de la nouvelle majorité formée par La République En Marche qui comptait encore dans ses rangs des gens comme Aurélien Taché ou Sébastien Nadot. Ces députés sortis des rangs du Parti socialiste ou d’Europe Écologie Les Verts ont tout fait pour dénaturer une loi qui avait bien des qualités, montrant au grand jour un tropisme sans-frontiériste aussi naïf qu’anachronique.
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On l’a depuis oublié, mais Daniel Cohn-Bendit et Romain Goupil avaient même dû publier une tribune dans Le Monde pour sonner l’hallali contre Gérard Collomb : « En France, la loi sur l’asile et l’immigration, que le ministre français de l’Intérieur présente au Parlement français, n’apporte pas de réponse à cette urgence, pas plus que ce qu’annonce son homologue allemand. Ce n’est pas de ce tandem qui joue sur les peurs que nous attendons quelque chose de bon, ni pour nos deux pays, ni pour l’Europe ». France Terre d’Asile avait manifesté devant l’Assemblée nationale et Jean-Luc Mélenchon dénoncé le retour des heures sombres, convoquant le souvenir de la Seconde Guerre mondiale.
Résultat ? Rien de ce qui aurait dû être fait ne l’a été. Au contraire, notre arsenal législatif a été affaibli. L’ouverture du marché du travail aux demandeurs d’asile a été raccourcie de trois mois, le délit d’aide au séjour irrégulier quasiment supprimé, n’ont plus été considérés comme sûrs tous les pays ayant une législation discriminatoire à l’endroit des homosexuels, ce qui a facilité les fausses déclarations, et, last but not least, un amendement prévoyant l’extension de la « réunification familiale » aux frères et sœurs de « mineurs » avait finalement été adopté. De quoi lasser ce brave Gérard Collomb, qui, quelques années après, n’en démord toujours pas dans un entretien accordé au Point : « C’est à force de ne pas prendre de décision en matière migratoire que l’on fait le jeu de l’extrême droite. Les sociaux- démocrates suédois ont tardé à prendre en compte ce problème, regardez le résultat ! Au Danemark, au contraire, la Première ministre social-démocrate a pris des mesures fortes, et elle a été réélue. Je préfère que ces problèmes soient gérés par des sociaux-démocrates plutôt que par l’extrême droite ». [...]
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