Samedi 26 février 2011. Les supporters marseillais pénètrent au centre d’entraînement de La Commanderie, remontés et déterminés comme rarement dans un club pourtant déjà si bouillant d’ordinaire. L’Olympique de Marseille n’est pas un simple club de football, c’est une institution, l’âme d’une ville qui cultive avec ferveur son particularisme. Tous les Marseillais supportent l’Olympique de Marseille ; enfants, adultes, pauvres, riches, électeurs de Mélenchon ou de Marine Le Pen. Les propriétaires passent, les supporters restent. Seuls quelques joueurs, quelques hommes exceptionnels dûment sélectionnés par la foule marseillaise, à l’image de Bernard Tapie ou Pape Diouf, peuvent prétendre ne pas être les simples salariés d’une ville qui vibre pour le ballon rond quotidiennement.
De nombreux commentateurs ont été choqués par les images montrant ces ultras des tribunes transformés en émeutiers, se livrant à une sorte de jacquerie des sans-grades du football contre les élites d’un sport qui semble de moins en moins lié à ceux qui le font vivre. Les faits marqueront durablement l’opinion. Dès le lendemain, l’Américain McCourt commentait les évènements, les comparant à l’invasion du Capitole par des partisans de Donald Trump en janvier dernier, se positionnant habilement en victime de l’arbitraire de la plèbe. Avait-il été conseillé par Jacques-Henri Eyraud, à l’origine professionnel de la communication et intervenant régulier de Sciences Po Paris dont il est sorti diplômé à la fin des années 1980 ?
Tout a commencé lors de sa première présentation en 2016, lors de laquelle le « communicant » a voulu montrer de lui une image d’homme moderne, de « marcheur » du football. Utilisant le franglais le plus débile, ce personnage disruptif annonça en grande pompe le lancement du « champion’s project »
Ces « discours de Miss France », comme les a qualifiés avec humour le chroniqueur de l’After foot sur RMC Sport Jonathan McHardy, ne masqueront pas la réalité : les débordements coupables des ultras marseillais sont aussi de la responsabilité de la direction du club. De la même manière qu’un gouvernement déconnecté de la réalité a jeté des millions de Gilets jaunes dans les rues, tout en réussissant à savamment les instrumentaliser pour incarner l’ordre face au désordre de la plèbe, Jacques-Henri Eyraud en stratège de la communication tente de se servir des casseurs pour installer sa position à l’OM, voire, ce serait encore plus fourbe, s’absoudre de quatre ans d’une gestion aussi calamiteuse que grotesque.
Sorte de synthèse d’une époque où le vent fait tourner les girouettes et les comptes en banque, Jacques-Henri Eyraud a tout tenté, tout fait pour être détesté. Arrogant, méprisant le passé du club, narcissique à outrance, inapte au dialogue ; il a réussi l’exploit de se mettre à dos les joueurs actuels, les anciens, André Villas-Boas, et même la ville de Marseille. Les seuls à saluer son action sont les supporters du Paris Saint-Germain, trop heureux de compter les points… Tout a commencé lors de sa première présentation en 2016, lors de laquelle le « communicant » a voulu montrer de lui une image d’homme moderne, de « marcheur » du football. Utilisant le franglais le plus débile, ce personnage disruptif annonça en grande pompe le lancement du « champion’s project » – oubliant au passage d’informer Marseille que son patron était l’homme le plus détesté de Los Angeles pour avoir manqué de peu de couler la franchise de baseball des Dodgers par pur appât du gain.
Dépensant des millions pour de vieilles gloires qui ont plus garni la colonne des faits divers qu’empilé les stats, Patrice Evra en tête, achetant dans la panique générale le « grantattakan » Mitroglou qui ferait passer Pascal Nouma pour Samuel Eto’o, Jacques-Henri Eyraud eut alors le toupet de demander aux supporters du club de boire une tisane pour calmer leur légitime agacement. Le pire était pourtant à venir, cette créature sortie des entrailles de Walt Disney où il exerça des fonctions de porte-parole suintant à grosses gouttes la démagogie progressiste la plus crasse à chaque prise de parole. On l’a ainsi vu chantant quelques couples du groupe I Am – son préféré, mais s’il avait été au TFC, ç’aurait probablement été Zebda – pour se gagner les faveurs des Marseillais ! Mais monsieur Eyraud : les amateurs de football se moquent que vous aimiez le rap, ils vous demandent d’être un président de club compétent !
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Lancé à toute allure dans sa « révolution », il a proposé des idées plus ridicules les unes que les autres, à la façon d’un stagiaire de start-up tentant des gros coups pour impressionner ses patrons : remplacer l’hymne Jump de Van Halen par un morceau inédit de rap, demander aux instances du football que les buts de plus de trente mètres comptent double, etc. Quant à ses décisions concrètes, elles ne furent guère mieux inspirées si on pense à la dissolution des Yankees sans concertation ou à la prolongation de Rudi Garcia quand ce dernier était en chute libre. Pourtant, lié par on ne sait quel pacte obscur à l’actionnaire majoritaire, Eyraud se maintient fermement sur ses ergots de petit coq mal embouché.
Ont-ils en tête un dernier mauvais coup ? Un plan Leproux pour faire monter les enchères d’une future vente qu’on prédit inéluctable depuis déjà plusieurs mois ? Ils sont au football ce qu’a été la classe politique française des 20 dernières années : des fossoyeurs. Qui peut croire que McCourt et Eyraud sont sincèrement attachés au club ? Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner quelle est leur véritable mission : spéculer et s’enrichir avec la bienveillance d’autres grands spécialistes de la vente à la découpe.