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Jean-Louis Geiger (RN) : « La politique économique du gouvernement est marquée par l’incompétence et le mensonge »

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Publié le

31 janvier 2024

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Engagé depuis plus de vingt ans dans la vie politique, Jean-Louis Geiger est un élu de terrain qui a notamment œuvré à l’implantation d’ITER à Cadarache. Aujourd’hui élu régional en PACA, il nous livre son point de vue sur la politique économique du gouvernement.
© DR

Pourquoi êtes-vous entré dans l’arène politique alors que vous avez un profil plus « techno » ?

Je suis complètement un élu technicien et pas politique. Lors des élections régionales de 1986, Jean-Claude Gaudin s’était engagé à réserver deux places éligibles sur sa liste à deux représentants du monde économique – pour que l’un s’occupe des finances et l’autre de l’économie, mission qui m’a été dévolue. Je suis entré à la région comme représentant du monde économique, j’y suis resté douze ans en tant qu’élu délégué à l’économie, aux nouvelles technologies et à la recherche. Cela a été un grand plaisir.

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Quelle formation économique avez-vous ?

Je suis un élu de terrain, un peu comme Bernard Arnault, plutôt autodidacte. La ressemblance s’arrête là. J’exerçais un métier dans l’immobilier d’entreprise au sein d’un groupe qui se prénomme maintenant Atisreal et qui, à l’époque, s’appelait Auguste Thouard. J’ai été le patron de ce groupe pour la région PACA. Ce métier me mettait en contact avec toutes les branches économiques de la région, ce qui m’a permis d’avoir une très bonne connaissance du tissu économique du territoire. C’est véritablement une formation de terrain qui m’a par la suite envoyé à la région.

Vous avez joué un rôle majeur dans l’implantation d’ITER à Cadarache. Pouvez-vous nous en expliquer succinctement les enjeux ?

Dans le cadre de ma mission, je devais monter une grande politique d’aménagement économique du territoire qui consistait à créer six pôles technologiques dans chacun de nos départements. Chaque pôle technologique était spécialisé dans des filières correspondant à l’économie de son territoire. Parmi eux, il y en avait un à Cadarache autour du CEA, basé sur tous les métiers liés au nucléaire. J’avais dans mes relations permanentes le directeur de Cadarache de l’époque qui s’appelait Michel Suscillon.

Un jour, en 1989, ce dernier m’a appelé en disant : « Il va se passer quelque chose, il faut qu’on y jette un œil ensemble : ça s’appelle ITER. » Il m’informe d’une mission de préfiguration, présidée par un Français aux États-Unis donc nous avons travaillé ensemble sur le sujet. Je suis allé voir Gaudin, il m’a donné carte blanche et, avec le préfet, nous avons créé le club ITER. Ce club était à ITER ce que le COJOP est aux Jeux olympiques. On se réunissait tous les mois à la préfecture de région. Je co-présidais les discussions. Il y avait autour de la table tous les services de l’État pouvant être concernés par le sujet et tous les gens du nucléaire public. On s’est mis à préparer le dossier de candidature. Cela a pris un an avec des actions lourdes comme la création d’un lycée international à Aix-en-Provence, pouvant accueillir les enfants des collaborateurs d’ITER. Ils prévoyaient 5 000 personnes dont 80 % d’étrangers. On a également travaillé sur des projets de pistes dans le lit de la Durance pour aménager les très grosses pièces d’ITER qui venaient en bateau et arrivaient à Martigues. Des nouvelles lignes à très hautes tensions parce qu’ITER avait besoin de deux lignes. Et tant d’autres choses.

On a reçu des centaines de journalistes du monde entier pour leur présenter le site de Cadarache qui avait deux atouts essentiels : être une grosse concentration de compétences nucléaires et de disposer un site de 5 000 hectares, permettant d’accueillir sans difficulté. Ensuite, Jacques Chirac a fait débloquer le système en mettant tout le poids de l’État dans la balance. Le dossier était le plus compétitif. ITER est un enjeu essentiel.

D’un point de vue national, comment jugez-vous la politique économique du gouvernement actuel ?

Elle est marquée par deux choses : incompétence et mensonge. Pour l’incompétence, je prendrai deux exemples. Celui de la désindustrialisation et celui de l’énergie. Aujourd’hui, l’industrie représente 13,4 % du PIB alors qu’elle est de 25,5 % en Allemagne, 20 % en Italie et 16 % en Espagne. L’industrie fait 1 000 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France. En Allemagne, elle en fait 3 000 milliards. Ce sont les chiffres de l’INSEE. Notre pays a perdu plus de 2,2 millions d’emplois industriels depuis 1980, il n’en reste plus que 3 millions. Aussi, les entreprises françaises sont les championnes du monde de la délocalisation. Ce ne sont pas les quelques effets d’annonces ridicules d’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire qui changeront les choses. D’ailleurs, un rapport du Sénat datant de juillet 2023 explique qu’il y a une perte de souveraineté industrielle bien plus profonde que ne l’admet le gouvernement. Dans ce domaine comme dans tous les autres, on découvre les problèmes et on raconte des histoires. Autre inquiétude, nous sommes au 23ème rang mondial du PIB par habitant. Dans l’énergie électrique, nous avons cédé à Angela Merkel qui a fait imposer, par l’Europe, l’abandon du nucléaire. Ce qui explique que Macron annonce la fin du nucléaire avec toutes les conséquences que l’on connait : l’arrêt des investissements, le manque d’entretien du parc existant… On est dans une situation catastrophique. Il faudrait douze nouveaux EPR pour satisfaire les besoins énergétiques. Tout ça n’est qu’incompétence et mensonge pour masquer ces réalités dramatiques.

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En quoi le passage de l’UMP au Rassemblent national était-il naturel pour vous ?

J’étais d’abord à l’UDF et président des adhérents directs pour PACA avant que l’UDF ne soit intégrée à l’UMP. Ensuite, j’ai tout arrêté pendant une quinzaine d’années jusqu’à ce que mon ami Thierry Mariani vienne me chercher pour l’accompagner aux élections régionales. On espérait gagner la région PACA. Je me suis donc retrouvé sur sa liste et élu à la région. Depuis, j’ai eu l’occasion de rencontrer quatre fois Marine Le Pen et j’ai l’intime conviction qu’elle est la personne capable, avec son potentiel et son appareil, de renverser la table et de remettre le pays sur le bon chemin. Dans ma vie politique, j’ai travaillé et côtoyé pléthore de personnalités politiques : Giscard d’Estaing, Chaban-Delmas… Jamais je n’ai été reçu par un élu qui s’assoit en face de vous et vous écoute. Ils m’ont tous fait la messe. J’ai été stupéfait par son empathie.

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