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Il serait simpliste et, naïf surtout, de réduire les ravages de mai 68 aux frontières de l’Hexagone. Mai 68, ce mouvement des baby-boomers anarchistes et revanchards qui a détruit le modèle familial en France et qui a tué le « Père » à coup de slogans creux et dont le temps dévoile la vacuité sidérale, a eu des répercussions négatives là où la France historique, successivement monarchiste, impériale et républicaine, a eu des œuvres glorieuses.
Le Liban, pays du Moyen-Orient, caractérisé par sa montagne imposante aux sommets enneigés et abritant les cèdres millénaires évoqués à maintes reprises dans la Bible, plus précisément dans le Cantique des cantiques : « Le Roi Salomon s’est fait une litière/De bois au Liban/Et il n’y a point en toi de défaut/Viens avec moi du Liban, ma fiancée/Viens avec moi du Liban ! », est le pays dont le territoire a été phagocyté par les anarchistes Palestiniens en 1975… 7 ans après le fatidique mai 68, avec la connivence ou le laxisme des gouvernements français qui se sont succédé. Pour une fois, la France a manqué à son devoir historique à l’égard du Liban. La scission entre la France et son histoire avait déjà commencé, en effet. Irréversiblement ? Pour ceux qui ignorent les liens privilégiés entre la France et le Liban qui remontent à l’an 1250 et le retrait des Croisés, je vous propose un petit survol historique de quelques événements-phares. L’amitié commence avec Saint Louis, roi de France, dans une lettre donnée aux Maronites[1] à Saint-Jean d’Acre en 1250. « Notre cœur fut comblé de joie, lorsque nous avons vu notre fils Simân venir à nous, accompagné de 25 000 hommes, nous portant le témoignage de vos sentiments d’amitié, et nous offrant ces magnifiques cadeaux […] et nous sommes persuadés que cette nation, que nous trouvons établie sous le nom de saint Maron, est une partie de la nation française; car son amitié pour les Français ressemble à l’amitié que les Français se portent entre eux. […] Pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner, à vous et à tout votre peuple, notre protection spéciale, comme nous la donnons aux Français eux-mêmes, et nous nous emploierons en toute circonstance à tout ce qui contribuera à votre prospérité ». Telle fut la promesse de Saint Louis à cette communauté chrétienne persécutée qui a trouvé refuge au Mont-Liban depuis le Ve siècle et qui n’a pas lésiné sur les moyens quand il fallait venir en aide aux Croisés dans un Orient en plein ébullition. L’ancrage territorial de cette communauté est doublé d’une foi chrétienne basée sur l’espérance. Cette communauté a survécu aux Mamlouks, aux ottomans et à toutes les hégémonies musulmanes et est passée du statut de la victime au statut de l’initiatrice de l’entité libanaise souveraine et du Liban dont les frontières définitives ont été déclarées en 1920 par le Général Gouraud. Elle se distingue des autres communautés chrétiennes du Moyen-Orient par son patriotisme, son éducation et son refus du statut de la « dhimmitude » qu’imposait l’Empire ottoman.
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L’histoire exceptionnelle des liens franco-libanais se poursuit avec les Capitulations de François Ier et le roi Soliman le Magnifique en 1536 et un siècle plus tard avec la lettre adressée par Louis XIV aux maronites le 28 avril 1649 : « Louis, par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut… Savoir, faisons par l’advis de la reyne régente, notre très honorée dame et mère, qu’ayant pris et mis, comme nous prenons et mettons, par ces présentes signées de notre main, en nostre protection et sauvegarde spéciale le Révérendissime Patriarche et tous les prélats, ecclésiastiques et séculiers chrétiens maronites qui habitent particulièrement dans le Mont Liban[2]. » A partir du XVIe siècle, les missionnaires catholiques ont afflué au Mont-Liban « terre évangélique » et non pas « terre évangélisée » comme en Indochine. Le rôle de ces missionnaires lazaristes, franciscains, capucins, dominicains, jésuites, etc. était de perpétuer ce lien affectif, oserais-je dire, entre la France et l’embryon libanais. L’éducation française au Liban est un pilier solide qui reproduit la volonté des maronites à diffuser le savoir et leurs enseignements ; chose qui a commencé avec le Collège maronite de Rome fondé en 1584.
Les soixante-huitards qui ignorent l’histoire de leur pays ont basculé dans l’indignation sélective. S’indigner quand un « pauvre palestinien » se voit enlever sa terre, mais pas en faveur du Libanais qui a œuvré pendant de longs siècles à édifier ce petit pays-message. La génération 68 est celle qui a porté le « kouffieh » palestinien en défilant dans les rues de Paris et celle qui a influencé une certaine gauche libanaise qui a préféré se battre à côté de l’OLP Organisation de la Libération de Palestine) plutôt que dans les rangs de la Résistance chrétienne dont le héros fut Béchir Gémayel, Président de la République assassiné par le PSNS syrien après 21 jours de son élection. La génération 68 a accusé la droite chrétienne pendant la guerre civile libanaise d’être isolationniste et fasciste. Et c’est cette même génération 68 importée chez nous qui a diabolisé « l’identité libanaise » et qui a eu des rêves de fusion avec l’entourage arabe. Ses figures « éminentes » palabrent jusqu’à présent sur le malheur palestinien et n’ont jamais fait de mea culpa à la résistance libanaise chrétienne et ses 15000 martyrs de guerre. Jusqu’à ce jour, les soixante-huitards libanais, les « palestos » communistes et gauchistes de tous bords, citent Sartre avec nostalgie et exècrent tout discours sur l’identité libanaise. Le gourou français de mai 68 leur a bien inculqué la rancune de ses idées parmi lesquelles se trouve celle qui signe la défaite de la pensée philanthropique : « L’Autre c’est l’enfer. » les soixante-huitards libanais ont la haine de leur pays jusqu’au plus profond d’eux-mêmes et sont prêts à se solidariser avec toutes les victimes du monde mais pas avec leur pays martyrisé.
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Décidément, mai 68 est un cancer redoutable qui ne cesse de ronger tout tissu souverainiste et patriote. C’est une tendance funeste à balayer tout ce qui « a précédé » et à étouffer le principe de la « transmission » dont François-Xavier Bellamy parle avec beaucoup d’érudition[3] ; la transmission de l’histoire et des valeurs. Et décidément, pour conclure, en tuant le « Père », en évinçant le Général De Gaulle, la génération 68 a tué le lien franco-libanais et l’a trahi. Hélas, grand Général de la Libération, le cœur de la France ne battra plus au même rythme du cœur du Liban[4], contrairement à votre souhait le jour de votre arrivée à Beyrouth un 27 juillet 1941.
[1] Les chrétiens du Liban qui ont suivi Rome et l’Eglise catholique et qui ont subi pour ce choix des persécutions de l’Empereur Justinien II (orthodoxe) allié du Calife musulman en 687.
[2] Ancien français
[3] François-Xavier Bellamy, Les Déshérités.
[4] De Gaulle, le 27 juillet 1941, le lendemain de son arrivée à Beyrouth :
« Si nous sommes heureux de prendre de nouveau, depuis hier, contact avec le Liban, c’est d’abord, évidemment, parce que dans tout cœur de Français digne de ce nom, je puis dire que le nom seul du Liban fait remuer quelque chose de très particulier, et j’ajoute que c’est d’autant plus justifié que les Libanais, libres et fiers, ont été le seul peuple dans l’histoire du monde, à travers les siècles, quels qu’aient été les péripéties, les malheurs, les bonheurs, les destins, le seul peuple dont jamais le cœur n’a cessé de battre au rythme du cœur de la France… »
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