[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1545219012045{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]
Ils se voyaient déjà tout en haut de l’affiche. Très tôt, trop tôt. Leurs noms ? Stanislas Guérini, Ismaël Emelien, Cédric O, Benjamin Griveaux, ou bien encore Sibeth Ndiaye. Brillants, plein d’assurance et bardés de diplômes, ces jeunes sociétalistes aux dents longues rêvaient de prendre l’Elysée pour changer le monde.
Par deux fois, leurs ambitions se sont fracassées sur le mur des espérances brisées. En 2006, pas même trentenaires, leur mentor Dominique Strauss-Kahn était battu par la soft-populiste Ségolène Royal lors des élections primaires du Parti socialiste. Cinq années plus tard, un coup du sort nommé Nafissatou venait encore contredire les plans de ces Minus et Cortex des beaux quartiers parisiens. Grâce à Emmanuel Macron, ils ont eu leur revanche.
Nouveau délégué général de La République En Marche, Stanislas Guerini en est aussi la synthèse. Le curriculum vitae de cet admirateur de Michel Rocard en fait d’ailleurs la démonstration, comme s’il avait été imaginé par Michel Houellebecq pour figurer le « nouveau monde » : école alsacienne, lycée Henry IV, HEC, puis création d’une société de vente et d’installation de panneaux solaires fondée avec Jean-Pascal Emelien (oui, oui, le père de l’ex éminence grise de Nicolas Maduro). Lisse et bienveillant, le « nouveau monde » l’est surtout en façade.
#FêtedelaMusique pic.twitter.com/gcJWepTXG6
— Sibeth Ndiaye (@SibethNdiaye) June 21, 2018
Ainsi, on le sait peu, mais Benjamin Griveaux cumulait un salaire de 10.000 euros par mois en tant que « conseiller ministériel » du cabinet de Marisol Touraine avec une activité de lobbyiste pour Unibail rémunérée 17.000 euros par mois, afin de « s’assurer que personne au ministère des finances ne propose d’abolir une niche fiscale favorable à l’entreprise », selon les révélations de l’insoumis Juan Branco. Comment pourrait-on refuser quoi que ce soit aux petits princes de la République formant l’élite du XVIII Brumaire du centrisme, à l’élite dégagiste des métropoles connectées ? Dans une société normale, le médiocre Griveaux serait déjà chassé à coups de pieds au derrière.
Lire aussi : La politique est un jeu d’enfants
Cette bande de copains a, en effet, réussi à faire de HEC la référence d’un Etat qui n’a longtemps juré que par l’ENA, ses hauts-fonctionnaires plein de morgue et éduqués pour avoir « réponse à tout ». Nous allions enfin entrer pour de bon dans la mondialisation heureuse, faire triompher la France « à l’international » en adoptant la mentalité des start-ups innovantes : team building, co working et business model. Las, les start-ups sont comme les soufflés, elles retombent vite.
Tyrannique, la novlangue technico-commerciale pour faux geeks d’une Silicon Valley toute fantasmée s’est alors imposée dans les réunions militantes de l’ancien conseiller de François Hollande, par le biais de la bande de DSK. On ne faisait plus de « retours d’expérience » mais des « feedbacks ». On se « brainstormait » la tête entre deux infusions macrobiotiques. On planchait sur des « process ». On était « proactifs ». Peut-être ne s’y draguait-on plus que par le biais d’applications pour « smartphones » … Bref, on était déjà ringards avant même d’avoir été à la mode.
Cette bande de copains a réussi à faire de HEC la référence d’un Etat qui n’a longtemps juré que par l’ENA, ses hauts-fonctionnaires plein de morgue et éduqués pour avoir réponse à tout.
L’« open space » depuis lequel les fans d’Emmanuel Macron travaillent est une bulle hors du monde. Futuriste, le Macron ? Non, car présentéiste. Il ferait plutôt penser à ces auteurs de science-fiction qui prédisaient que les automobiles de l’an 2000 voleraient, tout en n’imaginant pas un seul instant que les téléviseurs seraient plats… Le présent d’Emmanuel Macron est le passé de Dominique Strauss-Kahn, un monde clos faits de connivences et de petits arrangements sous la table. Un nouveau monde qui n’a gardé que les défauts de l’ancien, sans la gouaille et le vice malin des dinosaures du Parti socialiste, sans plus aucun lien avec la France charnelle et ses réalités.
Nous sommes une succursale de la world company, commandée par des commerciaux et des communicants bcbg. Ils se connaissent mais ne nous connaissent pas. Ils apprendront à regarder la France en face.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]