Jeudi 9 décembre, Emmanuel Macron donnait une conférence de presse pour indiquer aux Français la direction qu’il compte emprunter à la tête de la présidence du Conseil de l’Union européenne pour les six mois à venir. Cet exercice lui a permis de continuer à faire campagne, engoncé dans le costume d’un président détaché de la préoccupation de sa réélection qui peine à convaincre.
Emmanuel Macron ne se contentera pas de poursuivre la politique de dépossession des nations amorcée sous la présidence européenne de l’Allemagne, il compte intensifier ce processus
Ainsi apprend-on que la « souveraineté européenne » est censée « renforcer la souveraineté de la France ». Beaucoup s’interrogent sur cette formule contradictoire imaginée par le pouvoir macroniste pour rassurer les foules de plus en plus sceptiques sur le bien-fondé du fédéralisme européen : un peuple peut-il avoir deux souverains ? Quand l’Union européenne impose des normes insupportables à nos agriculteurs, la nation française a-t-elle le pouvoir de s’y opposer ? Lorsque l’Union européenne déclare vouloir imposer des quotas de migrants aux États membres par des dispositions contraignantes, notre souveraineté s’en trouve-t-elle renforcée ? Lorsque l’Union européenne coupe les subventions de la Pologne ou de la Hongrie pour les forcer à adopter les délires idéologiques progressistes jusque dans leurs écoles, peut-on encore prétendre que souveraineté nationale et européenne sont compatibles ? En vérité, le processus fédéraliste européen a montré nombre de limites à l’occasion de la pandémie. Cela n’a pas empêché notre chef d’État de déléguer la politique sanitaire française à la Commission européenne. Après des mois d’échecs tant au niveau national qu’international, nos concitoyens sont à bout. Pourtant, quand les peuples européens crient « assez », notre actuel président épaulé par les hauts fonctionnaires bruxellois déclare « plus loin ».
En effet, Emmanuel Macron ne se contentera pas de poursuivre la politique de dépossession des nations amorcée sous la présidence européenne de l’Allemagne, il compte intensifier ce processus. La fameuse taxation des GAFAM que beaucoup appellent de leurs vœux sera associée à une accentuation de la censure des réseaux sociaux présentée sous la forme d’une « modération des contenus préjudiciables », qu’il s’agisse « d’antisémitisme, de racisme, de discours, de haine, de harcèlement en ligne ». Il est à craindre, en réalité, que cette politique consacrée par le futur « Digital Services Act » (DSA), réduira encore plus la liberté d’expression déjà violemment réprimée en France. Mais cette fois-ci, la répression sera appliquée à l’échelle du continent européen, pourtant berceau des libertés depuis le siècle de Périclès en Grèce. Notre chef d’État prône également l’association du « développement économique » et de son « ambition écologique ». Non point l’écologie qui protège nos terres, ses paysages, ses différents terroirs, sa faune et surtout ses habitants, premières victimes du progressisme débridé. Mais l’écologie qui réprime les peuples au nom de la fameuse neutralité carbone. Sur ce sujet-là, le pire est encore à venir. Enfin, lorsqu’Emmanuel Macron prétend qu’il faut « absolument retrouver une Europe qui sache protéger ses frontières », nous pouvons être sûrs qu’il fera en sorte de continuer à gérer les flux entrants de populations extra-européennes sans jamais s’astreindre à les réduire.
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Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce discours, sur l’impossible Europe de la défense qu’il persiste à promouvoir. Sur sa volonté de créer un fonds d’investissement afin de promouvoir un journalisme « indépendant et d’investigation » qui permettra, comme en France, de subventionner l’idéologie dominante à l’échelle européenne. Ou encore sur sa volonté de lutter contre le « révisionnisme historique » en créant des organismes d’historiens européens « indépendants » douteux.
En réalité, la dépossession de notre civilisation qu’Emmanuel Macron a poursuivie en France de manière intensive tout au long de son quinquennat sera étendue à toute l’Europe à partir du mois de janvier.