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Le crépuscule de l’enseignement supérieur occidental

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Publié le

6 juin 2022

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Dans « Les Deux Universités » (Éd. du Cerf), le sociologue québécois Robert Leroux, à travers de nombreux exemples et références, annonce une funeste prophétie venue d’outre-Atlantique… Puissions-nous entendre ce vent omineux qui souffle contre nos libertés, pour mieux le combattre.
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Comme Les Deux Étendards de Lucien Rebatet, Les Deux Patries de Jean de Viguerie, ou même Les Deux Écoles de Michel Sardou, Les Deux Universitésdécrit le paysage oùs’affrontent deux conceptions antagonistes. Il n’y est néanmoins plus question de passions et d’idéaux mais seulement de haines et d’idéologies.

L’ouvrage veut montrer le remplacement progressif d’une conception pluriséculaire de l’enseignement supérieur par un délire postmoderniste. Le projet initial de l’Université, du Moyen-âge aux années 1960, consistait à « produire et diffuser le savoir de manière objective » en se consacrant « à la discussion des grands enjeux, à la libre discussion et à la connaissance théorique », en s’appuyant sur « les géants de la pensée (qui) n’ont pas d’âge ». Mais ces dernières décennies, particulièrement en Amérique du Nord, « le cheval de Troie postmoderne est entré dans la cité des intellectuels ». Le marxisme est reparu « vêtu de nouveaux habits », sous les traits de diverses idéologies de gauche dont le mouvement woken’est que le dernier avatar, consistant en un « ramassis de courants doctrinaux qui empoisonnent l’Université depuis fort longtemps ». Véritable « peste intellectuelle » et « puissant instrument de censure », il tend à « remodeler l’Université selon l’inépuisable volonté des groupes minoritaires ». « La notion de vérité est vue comme périmée », le passé est suspect « d’endoctriner les étudiants de valeurs rétrogrades » et le sens commun passe pour populiste (au point que la science n’est plus considérée que « comme un simple genre littéraire ». Dans ce nouveau contexte, pour les idéologues postmodernes, ce qui importe « n’est pas d’être crédible mais d’être audible ». « Ils font la promotion d’une cause qui leur tient à cœur (…) ne se prête pas à la discussion, (mais) dépend surtout des sentiments ». En somme, « ils cherchent à faire passer leurs intérêts politiques pour de la science » et marginalisent « ceux qui aiment le savoir (…) qui croient en la rigueur, en la vérité et aux démonstrations rigoureuses ».

Ce glissement progressif du triptyque instruction, vérité et liberté vers le triptyque endoctrinement, idéologie et censure s’inscrit dans une évolution globale des cadres. Depuis les mouvements étudiants des années 1960, et avec l’avènement de l’Université de masse, « le rôle de l’étudiant grandit (…) tandis que celui du professeur s’amenuise » alors même que « tout est fait pour que les étudiants s’enferment dans les cadres étroits du politiquement correct ». Cette évolution, soutenue par les instances dirigeantes des universités qui se sont « mis(es) au service d’une clientèle de plus en plus exigeante » a très largement bénéficié de la complicité des enseignants qui avait jadis désolé Raymond Aron : ils « trahissent le fondement même du projet universitaire » en imposant leurs idéologies politiques et en initiant les étudiants « à l’art de la contestation ». L’ensemble se résume à ce paradoxe – qui n’est qu’apparent : alors que l’on fait la promotion de la diversité, l’on constate une très forte homogénéisation du corps enseignant, autour d’une « religion », dans une « posture idéologique (où) aucun débat n’est possible ». [...]

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