À LIRE : LE GRAND ARCHITECTE
Nous étions plutôt enclins à croire la rumeur populaire qui dit que parmi les professions les plus détestées des Français figurent – en haut du podium – les architectes et les journalistes. Pour les seconds, nous ne réviserons pas immédiatement notre jugement, mais pour les premiers nous sommes contraints de le faire. Rudy Ricciotti, architecte français du Mucem (entre autres), artiste du béton (si, si c’est possible) vient de sauver leur honneur en nous donnant ce court essai, beau livre modeste, tonique et tranchant ; à la fois guerrier et gonflé par l’esprit de camaraderie. Ricciotti l’avait déjà écrit il y a dix ans : L’Architecture est un sport de combat (Éd. Textuel), et il le prouve encore ici. Plus conteur que pamphlétaire, l’architecte nous emporte par son sens du récit et devient – avec sa troupe d’ouvriers – un cousin camarguais des personnages de Chesterton, grandiloquent et outré : méridional donc, mais toujours vrai et touchant ; soucieux de nous transmettre la réalité du terrain quand il se fait professeur et guide de ce monde méconnu (on rêverait d’une histoire de l’architecture écrite par lui). Au fil des pages, avec force anecdotes (authentiques morceaux de littérature qui voisinent parfois avec la fable), l’architecte alterne entre les gifles – pour ne pas dire les coups de poing remontants – au monde moderne bureaucratique, froid, stupide et laid, et la célébration du savoir-faire, de la créativité, de la loyauté, de la nature et de la beauté (ce gros mot), à laquelle il n’a pas renoncé. C’est au final le récit vrai de l’éternel combat de la barbarie contre la culture qui nous est ici narré ; de la bêtise automatisée contre l’esprit de finesse (autre nom de l’insoumission qu’il professe). Et soudain nous comprenons que la vie de chantier est un mode de vie et nous nous surprenons à regretter de ne pas pouvoir faire partie de la compagnie à cause de notre incapacité à planter un clou. Prodigieux. Nicolas Pinet [...]
Nous étions plutôt enclins à croire la rumeur populaire qui dit que parmi les professions les plus détestées des Français figurent – en haut du podium – les architectes et les journalistes. Pour les seconds, nous ne réviserons pas immédiatement notre jugement, mais pour les premiers nous sommes contraints de le faire. Rudy Ricciotti, architecte français du Mucem (entre autres), artiste du béton (si, si c’est possible) vient de sauver leur honneur en nous donnant ce court essai, beau livre modeste, tonique et tranchant ; à la fois guerrier et gonflé par l’esprit de camaraderie. Ricciotti l’avait déjà écrit il y a dix ans : L’Architecture est un sport de combat (Éd. Textuel), et il le prouve encore ici. Plus conteur que pamphlétaire, l’architecte nous emporte par son sens du récit et devient – avec sa troupe d’ouvriers – un cousin camarguais des personnages de Chesterton, grandiloquent et outré : méridional donc, mais toujours vrai et touchant ; soucieux de nous transmettre la réalité du terrain quand il se fait professeur et guide de ce monde méconnu (on rêverait d’une histoire de l’architecture écrite par lui). Au fil des pages, avec force anecdotes (authentiques morceaux de littérature qui voisinent parfois avec la fable), l’architecte alterne entre les gifles – pour ne pas dire les coups de poing remontants – au monde moderne bureaucratique, froid, stupide et laid, et la célébration du savoir-faire, de la créativité, de la loyauté, de la nature et de la beauté (ce gros mot), à laquelle il n’a pas renoncé. C’est au final le récit vrai de l’éternel combat de la barbarie contre la culture qui nous est ici narré ; de la bêtise automatisée contre l’esprit de finesse (autre nom de l’insoumission qu’il professe). Et soudain nous comprenons que la vie de chantier est un mode de vie et nous nous surprenons à regretter de ne pas pouvoir faire partie de la compagnie à cause de notre incapacité à planter un clou. Prodigieux. Nicolas Pinet [...]
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