1- Les Jeunes Filles, Montherlant
En toute honnêteté, le roman star qui enflamma les années 1920 a inspiré ce sélectron et aurait pu lui suffire. La misogynie littéraire française, dans tout le raffinement de sa muflerie, c’est depuis Les Jeunes Filles et pour toujours, Montherlant. Ce roman d’une cruauté inouïe examine froidement, à travers le regard de son héros Pierre Costals, séducteur impénitent, les aspirations de celles dont le sourire est l’étincelle de tous les feux du monde, les femmes entre leur majorité et leur mariage. Qu’en déduit Montherlant ? Qu’elles s’ennuient mortellement, qu’elles n’attendent le salut que d’un mari qui les ouvrira enfin à la vie, qu’elles sont, en somme, l’exact opposé du moule de la femme forte et indépendante où l’on voudrait aujourd’hui les couler. On voit l’aveuglement de leur espoir de mariage alors que les hommes n’ont à leur offrir que le désintérêt ou les étreintes rapides, on voit jusqu’où elles sont prêtes à s’humilier par amour et à quel point elles sont capables de détester quand cet amour s’évanouit.
Bien sûr, Montherlant est un con qui ne comprend rien ni à la beauté de l’amour, ni à celle de l’éternel féminin ou de la complémentarité entre les sexes. Cependant, rappeler à quel point il fut adoré par les femmes alors qu’il les avaient dépeintes si cruellement interroge. N’aimeraient-elles pas un peu les hommes qui les détestent ? Essayez donc, quand les soirées seront de nouveau autorisées, d’y lancer quelques propos misogynes. Vous sentirez les regards féminins s’illuminer d’un courroux gourmand et, rapidement, leur haine vous couvrir amoureusement. Vous finirez peut-être même par en ramener une chez vous et par l’épouser, vous verrez. [...]
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