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« Les catholiques prennent conscience de la question sociale » Guillaume de Prémare

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Publié le

24 janvier 2019

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Crédit Antoine Andrieux pour l'incorrect

[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1548333829630{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]Dans l’hebdomadaire La Vie, une vingtaine de personnalités et d’intellectuels, responsables politiques, associatifs, et syndicaux, tous catholiques de diverses sensibilités, ont lancé un appel pour un nouveau catholicisme social. Entretien avec l’un des signataires, Guillaume de Prémare.

 
 

Pourquoi avoir lancé cet appel, quels sont ces objectifs ?

 
 
Nous sommes partis du constat commun qu’avec la crise des Gilets Jaunes, le système de financiarisation de l’économie depuis les années 1990 était en train de disloquer notre pays. La question sociale est induite par le phénomène de globalisation-mondialisation, qui est un élément structurant de l’Histoire contemporaine.

 

Au XIXe siècle, la question sociale était principalement liée à la question ouvrière et le catholicisme social est né en réponse à cette question. Aujourd’hui, la question sociale est beaucoup plus large parce qu’elle touche l’ensemble des catégories sociales et le lien social en lui-même. C’est ce que nous appelons la nouvelle question sociale.

 

Lire aussi : [ ÉDITORIAL ] Les sanglots jaunes des gilets de l’automne

 

Face à cette nouvelle question sociale, il faut un nouveau catholicisme social. Cela ne signifie pas qu’il faille une nouvelle doctrine sociale de l’Église, celle-ci demeure inchangée. Toutefois, c’est le moment de penser et élaborer de nouvelles pratiques sociales et politiques.

 

Pensez-vous que le mouvement des Gilets Jaunes peut faire prendre conscience aux catholiques de l’impérieuse nécessité pour eux de s’emparer de la question sociale ?

 
 
Oui. Les catholiques sont déjà présents dans l’action sociale, au sens humanitaire du terme. En revanche, ils sont trop absents sur la question économique et sociale au sens politique du terme, et apparaissent ultra spécialisés sur les questions éthiques, qui sont évidemment très importantes.

 

 

Un certain nombre de signataires écrivent depuis de nombreuses années sur la question sociale et dénoncent l’ultralibéralisme du système mondialisé, sans forcément être entendus par le plus grand nombre. Avec la crise des Gilets Jaunes, il y a une prise de conscience réelle, que traduit le succès de cet appel. Nous avons beaucoup de retours de personnes qui veulent s’engager sur la nouvelle question sociale.

 

Pensez-vous que cet appel puisse contribuer à faire émerger une « génération François », en pointe sur les combats pour plus de justice sociale ?

 
 
Oui, je le souhaite. Depuis son élection en 2013, le pape François ne cesse de dénoncer le système économique et d’appeler à reconstruire le politique en s’appuyant sur ce qu’il nomme « les ressources morales du peuple ». Cet appel du Pape doit être entendu. Et si en effet une génération François se lève pour renouer avec un catholicisme social et populaire, cette génération pourra apporter beaucoup à nos sociétés. En s’appuyant sur la Doctrine Sociale de l’Église, ce catholicisme social et populaire peut aider notre pays à reconstruire les solidarités, en commençant par la base, par les communautés naturelles et politiques à l’échelon local.

 

 

Quelles solutions propose la Doctrine Sociale de l’Église pour répondre à la crise de la France périphérique qu’exprime le mouvement des Gilets Jaunes ?

 
 
A mon avis, l’une des premières notions à revisiter est la solidarité. Être solidaires, c’est être liés par une responsabilité commune. C’est l’antithèse de la dissociété d’aujourd’hui, c’est-à-dire la société de l’individu dissocié. La solidarité, ce n’est pas d’abord des aides sociales. Les aides sociales sont là pour aider ceux qui se retrouvent, pour une raison ou une autre, en marge, en situation de pauvreté. Elles sont donc nécessaires. Mais on ne peut pas construire une société juste si les personnes ne peuvent pas vivre dignement du fruit de leur travail.

 

La dignité de l’Homme, c’est de participer au Bien Commun, en commençant par le travail.

 

Si le projet du nouveau monde global c’est de traiter par l’assistanat ceux qui sont considérés comme inadaptés à l’hyper mobilité et au nomadisme, alors nous devons lutter contre ce système. La dignité de l’Homme, c’est de participer au Bien Commun, en commençant par le travail. Je pense que la globalisation conduit à faire sombrer dans l’assistanat toute une partie de la population en faisant financer cela par une armada de taxes et d’impôts ; et bien sûr par la dette, laquelle est une manière pour la finance d’asservir le politique.

 

Il y a donc deux aspects, à mon avis, dans le nouveau catholicisme social : une résistance au turbo-capitalisme, et une reconstruction en commençant par la base : famille, communes, entreprises, terroirs, etc…

 

Ce n’est pas d’une lutte des classes dont nous avons besoin, mais d’une coopération.

 

Notre mission est d’imaginer les solutions possibles pour des choses simples, par exemple vivre et travailler là où on est né, là où on a ses racines et ses attaches, parce que l’Homme est un être d’enracinement. Il y a un besoin urgent de redonner du travail, de redonner du sens au travail, de réorganiser au niveau local les circuits de productions et de consommations, en veillant à la justice, c’est-à-dire que chacun puisse vivre dignement du fruit de son travail : l’artisan, le commerçant, le paysan, le petit entrepreneur, le salarié, etc. Ce n’est pas d’une lutte des classes dont nous avons besoin, mais d’une coopération.

 

La fracture entre la France périphérique et les grandes métropoles est-elle une nouvelle lutte des classes ?

 

La fracture sociogéographique entre la France périphérique et les grandes métropoles est un fait. C’est une grille de lecture de la situation, il y en a d’autres. Mais cette grille de compréhension de la question sociale ne doit pas être transformée en dialectique d’une nouvelle lutte des classes, elle ne doit pas être un outil de conquête politique qui instrumentalise la “masse révolutionnaire disponible”.

 

Lire aussi : À bout de souffle

 

Le catholicisme social ne peut être une dialectique de lutte des classes, une logique révolutionnaire de fracturation. C’est important de le préciser. En effet, si nous ne sommes pas en révolution ou en guerre civile, nous voyons tout de même que la France profonde présente un potentiel insurrectionnel.

 

Le catholicisme social est appelé à rejoindre les aspirations profondes du peuple et non à les instrumentaliser. Pour cela, en tant que catholiques, nous devons aller au contact de la sociologie des profondeurs de notre pays. Pas seulement parce qu’il y a une souffrance, mais aussi parce qu’il y a dans cette profondeur populaire les forces vives de la Nation, notamment une élite du travail et de l’effort qui aspire à retrouver le sens de la communauté.

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