Un Satiriste Génial
Le Prophète maudit, Kaspar Colling Nielsen, Calmann-Lévy, 306 P., 21,90€
Et si le destin d’un pays tout entier – ici, le Danemark, reposait sur la capacité d’un vieux poète aigri à écrire quelques nouveaux vers? C’est le point de départ de cette réjouissante fable, signée Kaspar Colling Nielsen, bombardé un peu vite « Houellebecq scandinave » par nos critiques. S’il partage en effet avec la pornstar des lettres françaises un goût du détail trivial et un humour caustique qui fait toujours mouche, ce « Prophète Maudit » évoque davantage certains grands satiristes italiens comme Dino Buzzati – notamment pour ce crescendo jouissif vers une sorte de surréalisme apocalyptique. Le roman se déploie en une succession de courts chapitres qui sont autant de saynètes excellemment troussées, des miniatures parfaitement dialoguées qui évoquent également le cinéma de Roy Andersson. Si la figure du poète est entrevue comme le dernier rempart du vieux monde contre l’imbécilité covidocratique, elle permet également à Nielsen de dresser son autoportrait en creux, celui d’un artiste qui a troqué ses ambitions de martyr pour celles de clown triste. Marc Obregon [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !