VIRTUOSE ET COSMOPOLITE
Cancion d’Eduardo Halfon, traduit de l’espagnol par David Fauquemberg, Quai Voltaire, 170 p. — 15 €
Au début, on pense à une autofiction sur l’absurdité de la vie littéraire : Eduardo Halfon, écrivain guatémaltèque, est invité au Japon dans un colloque d’écrivains libanais. Il est vrai que son grand père était syrien, mais il y a des limites à l’assimilation… Très vite cependant, ce récit dévoile son vrai sujet : une enquête historico-policière sur les années 1960-1970 au Guatemala, ère de guerre civile et de dictature militaire, durant laquelle le fameux grand-père fut enlevé par des guérilleros gauchistes aux motivations mal déterminées, dont l’un s’appelait Canción. Le va-et-vient entre les micro-aventures d’Eduardo Halfon dans son colloque japonais et l’époque de la dictature désamorce la pesanteur du sujet, tout en conférant son originalité et son côté décalé à ce petit livre virtuose. C est aussi, par la bande, un livre sur l’identité, ou plutôt sur les déguisements, comme l’indique comiquement l’incipit, le plus joli de la saison : « J’arrivai à Tokyo déguisé en Arabe ». Bernard Quiriny [...]
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