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Les difficultés de Steve Bannon en Europe

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Publié le

8 octobre 2019

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En juillet 2018, les médias s’emballèrent après que Steve Bannon, l’ancien spin-doctor présumé de Donald Trump, déclara en grande pompe vouloir créer en Europe un mouvement sous forme de plateforme pour les partis populistes européens, ainsi qu’une école de cadres mystérieuse qui élirait domicile dans un véritable monastère pour former des « gladiateurs modernes ». Il n’en fallait pas plus pour faire planer la menace d’une « internationale » nationaliste, avec toutefois cette nouveauté, notable et paradoxal, d’être cette fois-ci sous la botte du cousin américain.

Or, depuis, les tentatives de Bannon pour obtenir une influence politique en Europe semblent être marquées par la malchance qui poursuit l’ancien dirigeant de Breitbart au moins depuis son renvoi de l’administration de Donald Trump en aout 2017.

 

Le Mouvement à l’arrêt

 

L’un des plus grands échecs de Bannon pour retrouver un soutien institutionnel parmi des hommes politiques qui correspondent à ses vues, a été incontestablement la formation d’un nouveau cabinet ministériel en Italie après la rupture d’une coalition entre le “Mouvement cinq étoiles” et le parti “La Ligue du Nord”. L’un des alliés possibles de Bannon, le truculent Matteo Salvini, a en effet quitté le poste de ministre de l’Intérieur et se trouve désormais dans l’opposition. Ce fut évidemment une nouvelle douloureuse pour l’ex-conseiller de Trump, car il attendait de Salvini un soutien conséquent pour son organisation “Le Mouvement” qui devait réunir, à terme, toutes les forces populistes de droite en Europe. La fondation se voulait au départ une alternative droitière à la “Open Society Foundation” de George Soros. Pour le moment, sans relai auprès d’administrations au pouvoir, et, il faut le dire, sans réel enthousiasme des différents partis populistes à travers l’Europe, « Le Mouvement » est à l’arrêt, comme si la rhétorique entrainante et d’abord ambitieuse de Bannon s’était heurtée aux pesanteurs du vieux continent.

 

Lire aussi : MARION MARÉCHAL & ÉRIC ZEMMOUR : FAITES LA DROITE PAS LA GUERRE

 

Si les échecs du Mouvement, ou en tous cas sa stagnation, semblent être relativement indépendants des agissements de Bannon, les difficultés que connaît la création de son école de cadres semblent en revanche être directement liées à des erreurs stratégiques et rhétoriques de celui qui pensait pouvoir conquérir l’Europe plus facilement encore qu’il conquit l’Amérique avec Trump.

 

Les défections dans l’Eglise

 

Dans sa croisade contre le pape François, lequel “rejette constamment toutes les fautes du monde sur les mouvements populistes”, Bannon trouva d’abord un soutien très sérieux : le cardinal Raymond Burke, ancien archevêque de Saint-Louis, qui avait été rétrogradé par le pape François et avait soutenu les appels à la démission du Saint Père. Bannon, de droite populiste, et Burke, conservateur, semblaient être faits pour s’entendre. Mais l’idylle des débuts ne résista pas au zèle de Bannon contre l’Eglise catholique. En effet, loin de se contenter de s’en prendre uniquement au Pape, Bannon aurait déclaré vouloir réaliser un film-documentaire basée sur le livre du journaliste français Sodoma : enquête au cœur du Vatican lequel relate des supposées influences homosexuelles au sein même de l’Eglise, et pas seulement autour du Pape. Or, cette déclaration obligea jusqu’au cardinal Burke de retirer tout soutien à Steve Bannon, le faisant déclarer « qu’il n’avait jamais travaillé avec lui », l’ayant seulement rencontré quelques fois pour « parler de la doctrine sociale de l’Eglise ».

 

Ces vagues de défections, additionnées à l’enthousiasme pour le moins timide des partis populistes européens pour ses initiatives, et sans le soutien d’une administration au pouvoir, font que Steve Bannon semble aujourd’hui avoir échoué à conquérir le vieux continent.

 

On peut imaginer que Steve Bannon pensait pouvoir attirer l’attention sur sa position contre l’Eglise catholique et peut-être même obtenir une réaction du Pape François lui-même, mais il n’en fut rien. Cela provoqua seulement la rupture avec un haut dignitaire de l’Eglise qui était pour lui un allié de poids, surtout dans un contexte italien dans lequel l’Eglise reste toujours très influente, surtout auprès de la droite.

 

L’école de cadres mort-née

 

Or, il se trouve que la fameuse école de combattants européens de la droite populiste, que voulait créer Bannon, devait se trouver en Italie. Il réussit même à louer un monastère médiéval à cet effet, dans le village italien de Trisulti, à environ une heure de Rome. Là, il avait prévu de construire une académie pour “gladiateurs modernes” qui rassemblerait les meilleurs penseurs de droite. Bannon avait d’énormes projets pour l’académie : il s’attendait à ce que la version complète de l’institut, avec environ 100 étudiants et des professeurs supplémentaires, ouvre ses portes en 2020. Hélas pour Bannon, faute de soutiens, le ministère de la Culture, propriétaire du monastère de Trisulti, a finalement décidé de refuser d’accorder le bail à un projet qui semble douteux aux autorités italiennes (en prétextant des « violations des obligations contractuelles »).

Ces vagues de défections, additionnées à l’enthousiasme pour le moins timide des partis populistes européens pour ses initiatives, et sans le soutien d’une administration au pouvoir, font que Steve Bannon semble aujourd’hui avoir échoué à conquérir le vieux continent. Ses projets, qui avaient préalablement nourri tant de fantasmes auprès de la presse progressiste, et, il faut le dire aussi, auprès de nombreux partisans européens du populisme/nationalisme, n’ont finalement débouché sur rien de concret.

Bannon aurait peut-être dû s’intéresser davantage à l’histoire européenne avant de vouloir si ouvertement jouer un rôle dans celle-ci : il aurait appris qu’en général, les gladiateurs finissent mal.

 

Carl Friedrich

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