Confronté à une crise démographique majeure, le gouvernement conservateur a lancé le plus vaste programme d’allocations familiales dans l’histoire du pays. L’objectif : relancer la natalité et réduire la pauvreté. Mais à quel prix la Pologne peut-elle encore sauver ses enfants ? Rencontre avec ces familles polonaises sur lesquelles se fondent aujourd’hui les espoirs d’une nation entière.
Ania semble déjà épuisée. Il n’est que huit heures du matin, sa journée commence à peine. À ses pieds, Dawid et Natalia, âgés respectivement de trois et six ans, ont de l’énergie à revendre. Ils prennent un malin plaisir à échapper à leur mère qui tente de leur faire enfiler une écharpe et des gants. « Être mère c’est vraiment le plus exigeant des métiers », soupire-t-elle. Sans trop l’attendre, les deux enfants s’aventurent gaiement dans la cage d’escalier de l’immeuble. Un bâtiment particulièrement grisâtre et vieillot, comme la Pologne des années 1990 a su en produire des centaines dans ses villes déjà ravagées par un demi-siècle d’architecture socialiste. Cracovie n’a pas échappé à ce qu’on appelle ici les « blok » : dans ces immeubles de banlieue d’apparence austère, ce sont en réalité des milliers de jeunes familles comme celle d’Ania qui ont élu domicile, dans des conditions souvent assez modestes.
Ania est mère au foyer : chaque matin, c’est donc elle qui accompagne Dawid et Natalia à l’école maternelle. « Après la naissance de notre premier enfant, en 2012, je n’ai pas pu reprendre mon travail. C’était difficile, on s’en sortait, mais on se serrait vraiment la ceinture. Aujourd’hui, j’ai un deuxième enfant. Mais notre famille vit bien mieux qu’avant ». Une situation qu’Ania attribue en grande partie à la mise en place, début 2016, de l’une des mesures-phares du gouvernement conservateur : le programme « 500+ ». Le principe est simple : à partir de son deuxième enfant, chaque famille se voit verser 500 zlotys (120 euros) d’allocations familiales par mois par enfant – sauf pour le premier – jusqu’à ses dix-huit ans. Avec ses deux enfants, Ania touche donc 500 zlotys chaque mois. « Depuis qu’on a droit à cette aide, on se sent moins précaires. Tout cet argent part très vite, surtout pour des courses alimentaires, et dans tout ce qui est nécessaire pour l’éducation des enfants ». (...)
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