Aujourd’hui encore, nombre de nostalgiques de François Mitterrand soulignent l’inclination de feu leur idole pour la culture – et tout particulièrement la littérature. S’il est indéniable que le président socialiste fut plus érudit que ses successeurs, l’amateur des belles lettres raffolait avant tout des beaux livres.
C’est entendu: éprouver de l’attrait pour les reliures moirées et les éditions rares relève du bon goût le plus élémentaire. Toutefois, quand l’objet littéraire prend le pas sur l’œuvre en elle même, quand l’écrin prime sur le verbe et le contenant sur le contenu, alors le livre n’est plus qu’un frivole ornement. Mais tandis que le bon bourgeois de naguère alignait sur ses étagères les Pléiades qu’il n’avait jamais lues à la seule fin de satisfaire sa fatuité, François Mitterrand fait bien mieux: il transforme le livre en arme de communication politique et en gage de finesse d’esprit. Il ne flatte pas seulement son ego mais aussi – par mimétisme – celui de ses potentiels électeurs: voter pour un lettré, c’est être un peu lettré soi-même. Ainsi n’était-il pas rare de croiser le président en exercice – toujours flanqué de gardes du corps – sillonnant le Quartier latin, passant d’une librairie à un étal de bouquiniste: la charge de son mandat demeurait probablement assez soutenable pour qu’il s’accorde de telles baguenaudes. [...]
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