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Les travelos, c’était mieux avant

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Publié le

29 janvier 2019

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EudelineVSbilal

[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1548767626686{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]L’élection de Bilal Hassani pour représenter la France au prochain concours de l’Eurovision (du 14 au 18 mai prochain à Tel Aviv) a exaspéré Patrick Eudeline. On en viendrait, d’après notre furieux ami, à regretter Conchita Wurst, laquelle n’était déjà qu’un pâle reflet d’un certain flamboiement queer. La fausse subversion est devenue le vrai consensus macronien, voilà pourquoi Bilal Hassani est un signe des temps.

 

J’ai de la tendresse, bien sûr, pour l’Eurovision. Pour « Tom Pilibi », pour la grande Sandie Shaw, l’immense Petula, Séverine, Brotherhood of man, Frida Boccara, Gene Pitney, Bobby Solo et Cliff Richard, Abba, Serge et la grande France. Même si depuis des années, je ne la regarde guère.

 

Rien à voir avec Bilal Hassani, l’ectoplasme élu « chance pour la France » 2019. Le morceau est indigent, le personnage niais à pleurer et son look à se vomir dessus. On le compare à Conchita Wurst, le gagnant trans autrichien de 2014. En fait, cela est injuste. Certes, notre ami(e) Conchita n’était pas Shirley Bassey et la chanson n’était pas Walk on by ou Goldfinger.

 

https://www.youtube.com/watch?v=tCJRigN2DmI

 

M’enfin… grâce aux logiciels ad hoc et au copié-collé sur pro tools, on était arrivé à une contrefaçon presque convaincante des codes façon Burt Bacharach ou John Barry. Bon, sans la mélodie inoubliable, bien sûr. Mais là : le moule est cassé. Et puis ce look de Baphomet, façon cockettes de Frisco, avait un sens. L’ami était totalement décadent, looké Hollywood fantasmé, il renvoyait à une tradition à la Christopher Isherwood du Cabaret, à Sylvester ou Kenneth Anger. Bref, cela avait une certaine gueule. Quand même.

Rien de tel ici.

 

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LA JEUNESSE N’EST PAS UNE EXCUSE

 

Un lycéen perruqué en saroual, gentil et souriant à en recevoir des baffes, d’une niaiserie confondante… Sa prime jeunesse n’est, en aucun cas, une excuse. On n’ose même pas rappeler qu’a seize ans Stevie Winwood ou Steve Marriott, au hasard, écrivaient, eux, des chansons immortelles, chantaient comme des bluesmen déchirés et défendaient une cause façon Blues beatnik et swingin’ London. Et puis, et puis… Ils ne souriaient jamais, eux. En vrais petits rimbaldiens toujours colère. Comme on se doit de l’être à cet âge.

 

Notre nigaud ne sait, lui, qu’ânonner avec un grand sourire le catéchisme de ce qu’est devenu LGBT : hymne à la tolérance, à la « différence », blabla, eau tiède et  bien-pensance, comme dans «  Roi », son canasson de bataille eurovisuelle. L’eau mouille effectivement et la guerre, c’est pas beau. Le tout en un sabir mi-français/mi-anglais écrit avec les pieds d’un fan de Grégoire. Du R’n’B déguisé en tube Eurovision. Ou le contraire. À part que bien évidemment raté et d’une médiocrité aberrante.

 

C’est du Marlène Schiappa dans le texte qui dégouline sur une boucle en do de quatre accords basiques, le BAba de la chanson commerciale. À part que même ça, ils n’y arrivent pas.

 

« Composé » par Madame Monsieur, losers de Mercy et fifille de la Macronie (La maman d’Émilie est haut-placée), c’est du Marlène Schiappa dans le texte qui dégouline sur une boucle en do de quatre accords basiques, le BAba de la chanson commerciale. À part que même ça, ils n’y arrivent pas. Arpèges façon « Le piano pour les Nuls », batterie compressée, reverb 80 et clichés R’n’B, faux-violons tartinés, portés de voix et vibes 90 sous autotune, construction maladroite. Oui, c’est une bouse. Le bébé, lui, on l’a compris, ne ressemble à rien. Avec ses perruques, ses baggys, ses tee-shirts informes, ses lunettes de comptable. Son look n’a simplement pas de sens.

 

ÉLECTION ENFUMAGE

 

Élu au terme d’un radio-crochet, entre cinq concurrents (la Baldy, Emmanuel Moire, etc.) et sauvé de justesse. Pas bien difficile, il fallait une cinquantaine de votes pour faire « remonter » le Bilal. Tout cela était, bien sûr, joué d’avance. On nous clame qu’il est une star sur Youtube et multiplie les vues. Ça, pour publier, oui, il publie, notre « influenceur et vidéaste », notre bébé Kubrick sur Iphone. Il se répand même en confidences. Mon petit ami, les méchants à l’école, l’intolérance, mon gentil manager et ma chance formidable, tout ça…

 

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En réalité, le seul disque qu’il a sorti avant Roi est resté anecdotique, et les chiffres réels, avant sa nomination, n’ont jamais été les « millions  de vues » que certains médias évoquent. Enfumage, comme d’habitude. Ce fan déclaré de Brigitte Macron, malgré son R’n’B rose loukoum, ne représente que lui même.

 

UN VIDE MACRONIEN

 

Une musique, un look, sans attitude, sans codes, ni racines. Ignare, en somme. En cela, oui, « Roi » par Bilal, la chanson comme le bonhomme, sont bien macroniens. Cela ne parle de rien et ne vient de rien, ne plaide pour rien, sinon un universalisme déraciné, sans culture ni références. Et ce n’est écrit pour personne. Même pas la fameuse communauté LGBT qui, elle, Dieu Merci, écoute Dalida, Mahler ou de la techno. Pas ce R’n’B d’attardé.

 

 

Homophobie ?!? Devrais je rappeler qu’ado, j’étais fasciné par ce qu’on appelait le rock décadent, que grâce aux Stones ou à Warhol, j’ai lu Huysmans, Oscar Wilde, Léon Bloy et tous les autres ? Les gazolines, trans historiques, eux, étaient de tous les concerts punks. C’étaient nos amis. Le Sept de Fabrice Emaer nous recevait à bras ouvert et William Burroughs louchait sur mon pantalon de cuir noir. Non, je ne peux pas être taxé d’homophobe, il me semble.

 

Mais moi qui ai flashé devant ce dessin bien connu de Pellaert représentant les Stones en Damnés décadents, tout en latex, talons et chaînes, qui me suis jadis vêtu et maquillé comme un New York Doll en goguette, ai trouvé odieuse, pourtant, cette photo bien connue de Macron à la fête de la musique entouré de ces… personnes,  ou caressant les bodybuildés de St Martin.

 

LE MEILLEUR DES MONDES NIVELÉS

 

Paradoxe ? En fait, les mots les plus évocateurs de jadis sont devenus leur contraire par une curieuse invasion des valeurs : oui, androgynie, décadence, luciférisme. Curieux, comme ces mots qui avaient jadis un sens profond, littéraire, philosophique, appartiennent désormais au champ de la doxa technocrate. Les Gothiques n’existent plus mais les tenants de la théorie du complot accusent les élites bancaires d’être satanistes. C’est une insulte, pour moi, à Lord Byron, aux romantiques allemands et à Nietzsche.

 

Un meilleur des mondes guidé par l’ignorance et le nivellement par le bas. La mondialisation à marche forcée.

 

En fait, Lucifer voulait libérer les hommes d’un Dieu esclavagiste qui clamait « Bienheureux les ignorants et les simples d’esprits car le royaume des cieux est à eux » et leur offrir la connaissance. Comme Prométhée ou Ben Hur, tiens.

 

Alors, non, le jeune gay macroniste ne saurait être du côté de ce Satan-là. C’est même tout le contraire. Il ne mérite pas un tel compliment : Lucifer porte un gilet jaune et le monde qu’on veut nous imposer n’est pas « sataniste », il est vide. Un meilleur des mondes guidé par l’ignorance et le nivellement par le bas. La mondialisation à marche forcée.

 

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CONSENSUS ET VICTIMISATION

 

Plus macronien, tu meurs. Bilal Machin ne casse aucun code, il est parfaitement consensuel au pays de Najat Vallaud-Belkacem. Le ramdam sur le prétendu déluge d’homophobie (des tweets au front bas, certes. Des commentaires lourdingues, c’est clair. Mais tout cela est surestimé) relève de la bien connue technique de victimisation. Il devrait en être heureux, plutôt ! Jamais Elvis, les Pistols ou Johnny ne se sont insurgés contre la violence de leurs détracteurs.

 

Il insupporte le peuple maghrébin, vexé qu’on rappelle ses origines, qui s’insurge sur YouTube. Il énerve la France Profonde qui ne se reconnaît pas en un tel flagada zozo ? Après tout, il devrait en être fier et porter haut, mais, non, il couine et chouine.

 

Bilal Machin ne casse aucun code, il est parfaitement consensuel au pays de Najat Vallaud-Belkacem.

 

Un vieil adage (du temps – paradoxe – des vraies et grandes  chansons) disait : « The singer not the song ». C’est un acte politique que de le choisir, lui. On l’aura compris. Même si  le message  non-genre ne passe guère dans l’opinion. Mais c’est comme l’Europe : il faut forcer la dose et le trait, nous en faire bouffer. Dans quel but ? La question reste posée.

 

Bon, je retourne écouter Transformer de Lou Reed : en effet, comme hymne queer, je préfère Walk on the wild side. Ou relire Last exit du Selby avec la fabuleuse Tralala. Candy Darling et Tralala, oui. De la vie qui bouillonne, de la rébellion et du drame transcendé. Et accessoirement… de l’Art.

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