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Bertrand Burgalat « La techno a suivi un chemin institutionnel en musique »

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Publié le

24 janvier 2019

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Bertrand © Serge Leblon

D’aucuns le surnomment le « Phil Spector français » : musicien, producteur et arrangeur de génie, Bertrand Burgalat, 55 ans, également patron du label Tricatel, a travaillé avec des artistes aussi divers que Depeche Mode, Marc Lavoine ou Laibach.

 

Vous êtes connu pour avoir travaillé avec des artistes de musique bruitiste (ou industrielle) comme Einstürzende Neubauten ou Laibach dans les années 80…

 

Dans le cas de Laibach, c’était d’abord le contexte politique de la Yougoslavie qui m’intéressait, et leur façon très particulière de s’opposer au pouvoir en place. Je connaissais les expériences des futuristes italiens et de Jean-Marc Vivenza ou Test Department, qui les prolongeaient, mais mes goûts personnels étaient plus « tonaux ». C’est pourquoi mon travail à leurs côtés ou mes arrangements pour Einstürzende Neubauten sont demeurés assez éloignés de leur bruitisme originel.

 

Lire aussi : Électro : révolution sonore ou tyrannie du divertissement ?

 

Récemment, Jean-Michel Jarre a déclaré que la France était le véritable berceau de la musique électronique. Qu’en pensez-vous ?

 

La Fête des Belles eaux, composée en 1937 pour six ondes Martenot par Olivier Messiaen, annonce en effet les shows impressionnants de Jean-Michel Jarre. Donné devant une foule immense face au Trocadéro, pour un spectacle de jeux d’eaux et de feux d’artifice, on peut dire que ça a été le premier concert géant de musique entièrement électronique. Mais il y a eu des pionniers partout, comme le thérémine en Russie. En France, des compositeurs plus récents, comme Luc Ferrari (« Programme commun ») ou Bernard Parmegiani (son sonal pour Roissy est un chef-d’œuvre de trois secondes) méritent d’être écoutés attentivement.

 

 

L’électro française s’est exportée à l’étranger dans les années 90 à travers ce qu’on appelle la « French Touch ». Quel regard portez-vous sur ce courant ?

 

Les Anglo-saxons, et en particulier les Anglais, ont longtemps considéré la pop française avec la même condescendance que celle que nos cuisiniers peuvent éprouver à l’égard de leurs collègues d’outre-manche. Les seuls genres qu’ils acceptaient de nous concéder étaient les musiques de boîte de nuit ou d’ambiance. Les succès de Daft Punk et de Air ont prolongé ceux de Cerrone et de Jean-Michel Jarre. Mais il est arrivé un moment où le rock anglais a sombré dans l’autosatisfaction et le recyclage avec des groupes comme Oasis. Cela a permis de s’émanciper de certains complexes.

 

La techno a suivi le chemin institutionnel du rock, du jazz et d’à peu près toutes les formes d’expression. (Bertrand Burgalat)

 

Autrefois sulfureuse, la techno est devenue largement mainstream, bénéficiant de médias spécialisés et de festivals ayant pignon sur rue. Quelle est votre opinion sur cette évolution ?

 

Il est difficile d’aborder cette question sans évoquer Philippe Muray, qui est un peu le point Godwin en la matière. La techno a suivi le chemin institutionnel du rock, du jazz et d’à peu près toutes les formes d’expression. Les maires, qui interdisaient les rassemblements rock il y a cinquante ans, se battent désormais pour accueillir des festivals de rock satanique…

 

Lire aussi : Un catho-tra au Hellfest

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